AccueilEconomie"Urgence Eau" : l’inquiétude des professionnels

"Urgence Eau" : l’inquiétude des professionnels

Face aux restrictions des arrêtés sécheresse, la CCIAMP a organisé, le 14 juin, une matinée "Urgence Eau" à Marseille. Les filières de la piscine et de la construction redoutent d’être privées de travailler.
Pour Marie-José Zorpi (Unicem Sud Paca et Corse), le taux de recyclage des eaux de process dans les carrières se situe entre 70 et 90 %.
JC Barla - Pour Marie-José Zorpi (Unicem Sud Paca et Corse), le taux de recyclage des eaux de process dans les carrières se situe entre 70 et 90 %.

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Comme voici quelques mois sur l’énergie, la Chambre de commerce et d'industrie Aix-Marseille Provence (CCIAMP) a tenu le 14 juin, au Palais de la Bourse, à Marseille, une rencontre sur la thématique "Urgence Eau" afin d’explorer collectivement (institutionnels, scientifiques, académiques, industriels…) l’état des restrictions et incitations imposées aux entreprises et inventorier des solutions. Olivier Cèbe, membre associé de la Chambre consulaire, l’a relevé en introduction : « Les TPE-PME sont peu préparées à la sobriété hydrique alors qu’il est manifeste que l’eau entre dans la plupart des procédés de production ».

La réunion a permis à des professionnels du BTP d’exposer leurs préoccupations. Et parfois d’appeler à l’aide, à l’image de Philippe Pasquier, PDG de la société Léa Composites, à Aubagne, spécialisée dans la production de coques de piscines polyester sous les marques Alliance Piscines et Cocktail Piscine. Un secteur ciblé dans les médias, tant par des politiques que par les mouvements écologistes…

Philippe Pasquier, PDG de Léa Composites, à Aubagne. (Crédit : Jean-Pierre Enaut)

S’adapter oui, pas empêcher

Le dirigeant ne comprend pas « l’acharnement des autorités » contre une activité qui s’est démocratisée et permet à des familles de se détendre sans parcourir plusieurs dizaines de kilomètres (avec les émissions de CO2 qui vont avec) pour rejoindre un centre nautique, une plage...

« Plus les gens profitent de leur piscine, moins ils se déplacent quand les températures s’élèvent. Nous ne sommes pas si diaboliques pour nous interdire de travailler, dit-il. On nous stigmatise alors que la consommation d’eau des piscines en premier remplissage ne représente que 0,15% de la consommation totale française ».

Environ 70 000 piscines se réalisent par an dans notre pays, principalement dans le Sud, Léa Composites en assure 7 000 en moyenne. Philippe Pasquier s’inquiète des impacts des restrictions pour la filière. « Des artisans souffrent, des entreprises pourraient déposer le bilan… Quand il est interdit de remplir des piscines, les gens ne vont pas nous solliciter pour en construire. Nous essayons d’alerter les préfets pour leur expliquer les efforts de la profession pour promouvoir de bonnes pratiques. »

Il évoque la charte d’engagement sur la sobriété de l’eau, la plaquette "Eau et Responsabilité" et le guide d’entretien remis aux clients qui s’équipent, les encouragements qu’ils leur prodiguent pour se doter d’une couverture de bassin afin de réduire l’évaporation, de filtres à cartouche plus économes au lieu de filtres à sable… Il suggère l’éventualité que les pouvoirs publics obligent les propriétaires de bassins à les couvrir pour limiter la consommation d’eau comme ils ont imposé l’installation de barrières pour prévenir les noyades d’enfants. La mesure aurait pour mérite de susciter de l’activité dans la filière, pas de la freiner…

Un groupe de travail en perspective ?

Secrétaire générale de l’Unicem Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corse (carrières et matériaux de construction), Marie-José Zorpi admet le principe que les entreprises surveillent mieux leur consommation d’eau, compte tenu du réchauffement climatique. « 90 % de nos adhérents ont intégré le recyclage des eaux de process » assure-t-elle. Mais, elle souligne combien il est complexe d’évaluer la consommation d’eau liée à chaque usage : nettoyage des véhicules et des équipements, entretien des espaces, arrosage pour éviter la dispersion des poussières… Des injonctions sont parfois contradictoires : comment préserver la biodiversité et l’intégration paysagère des sites s’il n’est plus possible d’utiliser un minimum d’eau ?

« Pour construire, il faut de l’eau, la profession est très inquiète des sécheresses plus fréquentes, plus longues… »

L’Unicem va diffuser un guide des bonnes pratiques, mais Marie-José Zorpi réclame aux industriels et pouvoirs publics la création d’un groupe de travail. « Nous devons avancer ensemble sur ces questions », conclut-elle.

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