« Avec cette nouvelle capitainerie, mieux située que l’ancienne, nous allons faire de ce port des Embiez une véritable destination au même titre que l’île », se félicite César Giron, président du directoire de la société Paul Ricard, propriétaire de cette île située au large de Six-Fours et délégataire du port depuis le renouvellement de sa concession par la commune en 2019. « Lorsque nous avons remporté la délégation de service public, nous nous étions engagés à construire sur ce môle une nouvelle capitainerie. C’est ce qu’il manquait à ce port de 750 anneaux », poursuit-il depuis l’esplanade de ce nouveau bâtiment, livré en avril dernier et inauguré ce jeudi 13 juillet.
L’ancienne capitainerie était plus petite mais surtout, « on ne voyait qu’une partie du port Saint-Pierre ». A l’inverse, ce nouvel espace de 290 m2aux grandes baies vitrées laisse voir l’entrée du chenal. « L’aménagement est parti de cette nécessité », souligne d’ailleurs Luc Lacortiglia, architecte au sein de l’agence marseillaise T3 Architecture qui a réalisé le projet. L’espace comprend un accueil, une salle de réunion, des bureaux, une salle d’archives, un atelier pour le carénage ainsi qu’un bloc sanitaire à destination des plaisanciers.
Surélever la capitainerie face au risque de submersion
Le tout de plain-pied... mais surélevé de deux mètres par rapport au niveau de la mer afin de répondre aux nouvelles normes de submersion marine. Pour que l’ensemble ne fasse pas trop « massif », que la typologie ne soit pas trop importante, l’architecte qui collabore avec les Embiez depuis une dizaine d’années, a donc décidé, avec Myrna Giron Ricard, responsable des projets de rénovation des îles, de s’inspirer des maisons de pêcheurs. « Nous avons décomposé le bâtiment en modules, avec une galerie à l’avant. »
Mais l’une des plus importantes difficultés de sa construction a été la fondation puisqu’il a fallu installer 52 micropieux allant de 15 à 17 mètres. « On ne pouvait pas le prévoir avant d’avoir fait les sondages. En temps normal, ils mesurent plutôt 8 mètres. Mais sinon, ça reste classique », explique l’architecte, relevant tout de même que « ce n’est pas un sol que l’on rencontre tous les jours ! Avec beaucoup de matière organique en décomposition ».
L’investissement, autour de 3 millions d’euros, est entièrement porté par la société Paul Ricard dans le cadre de la délégation de service public.
Un mur en terre des Embiez
Derrière le comptoir d’accueil, un mur attire l’œil : il est fabriqué avec de la terre issue du site grâce à la technique du pisé. Celle-ci consiste à compacter de la terre, de façon manuelle ou pneumatique, dans des coffrages. « Chez T3, nous l’intégrons dans une ossature bois afin de diminuer l’élancement », détaille l’architecte. En plus d’être biosourcés et locaux, l’avantage des murs en terre est d’apporter de l’inertie dans les bâtiments. « C’est également avantageux pour l’hydrométrie : le mur peut se charger d’eau et celle-ci, en s’évaporant, va permettre de faire baisser la température. C’est d’ailleurs pour forcer l’évaporation que nous avons installé des ventilateurs à proximité. »
Ce procédé ne fonctionne pas avec toutes les sortes de terre : « Il faut que les granulométries soient bonnes, explique Luc Lacortiglia. Que chaque élément soit tellement proche que les liaisons chimiques fassent que cela devient dur de les écarter. » Si ce n’est de la terre des Embiez, ce pan de mur de la capitainerie comprend également de la terre de Salernes, « pour le côté décoratif » puisqu’elle amène une touche ocre.
Les prochains travaux à mener seront de rehausser l’ensemble des quais du port des Embiez afin de répondre à ces nouvelles normes submersion.