Si les Alpes-de-Haute-Provence recèlent d'attraits exceptionnels en plein cœur de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, le département doit encore structurer sa filière tourisme pour rivaliser avec ses voisins régionaux en termes de retombées économiques notamment. Aujourd’hui, le tourisme représente 30 % du Produit intérieur brut du département, génère près de 750 M€ de chiffre d’affaires chaque année et représente 8,5 % de l’emploi salarié. Si les chiffres sont plutôt bons, l’AD04 estime qu’ils pourraient être bien meilleurs mais pas question pour cela de dénaturer le territoire.
Sa stratégie, présenté ce mardi 4 avril au Palais des congrès de Digne-les-Bains à l’occasion d’un premier "Rendez-vous du tourisme", s’articule autour de quatre grandes orientations et un plan en neuf actions, avec en ligne de mire une offre touristique plus résiliente, plus durable et plus qualitative à l’horizon 2028. Le cap est fixé. Pour la méthode l’AD04 préconise la "chasse en meute".
Les Alpes-de-Haute-Provence, un département « irresistible »
« Ensemble nous serons plus forts. Clairement, l’objectif est de capitaliser sur nos atouts, de structurer, valoriser et proposer des expériences toutes saisons, réparties sur l’ensemble du territoire, de façon concertée avec les acteurs institutionnels et les socioprofessionnels pour coller au plus près des besoins de la clientèle sans dénaturer notre environnement préservé », soutientDenis Vogade, le président de l’AD 04 qui ajoute : « Le schéma de développement touristique que nous avons présenté vise à doter le territoire d’une capacité à capter durablement une clientèle de proximité, qui représente la majorité des touristes qui visitent notre beau département, à combler la clientèle nationale, qui augmente de 7 % et à fidéliser la clientèle européenne en pleine croissance. La clé c’est de transformer les excursionnistes en touristes ».
La montagne, laboratoire de la transition
L’AD04, chef d’orchestre, donne le ton avec une feuille de route théorique mais certains territoires jouent déjà leurs partitions. C’est notamment le cas de Selonnet où la commune a lancé un ambitieux programme de valorisation des berges de la Blanche. « L’idée est de proposer une alternative au tout ski, un projet de diversification dans une logique valléenne. Nous prévoyons l’aménagement d’un parcours de pêche no kill, d’une mare de la biodiversité, la réalisation d’îlots aquatiques qui permettront la baignade mais sans nage, agrémentée de parcs de jeux, de zones de Beach Volley. Au départ nous voulions faire un plan d’eau mais c’est tellement difficile au niveau des autorisations que nous avons changé de braquet », explique Benoît Cazères, le maire de Selonnet. Le projet est bien avancé et s’élève à 1,4M€ et les travaux devraient démarrer début 2024.
A Ubaye Serre-Ponçon, la commune poursuit également un très ambitieux projet d’aménagement touristique structuré autour des mobilités douces. « Nous souhaitons construire une voie verte, à faible dénivelé, en balcon, au dessus du lac de Serre-Ponçon. On planche depuis 3 ans sur ce projet qui devrait à terme atteindre les 11 kms. En théorie, il comprendrait 6 passerelles dont une de 380 mètres, une passerelle himalayenne qui serait encore plus grande que celle des Gorges du Lignon en Haute-Loire. L’idée est de développer davantage la part touristique du lac de Serre-Ponçon sur le versant 04 sans forcément construire plus de plages », assure le maire Jean-Michel Tron, qui espère que son projet verra le jour grâce aux financements France Mobilité et au CPER. Son montant global s’élève à 31 M€. La première tranche de travaux, une portion de 6,5km, pourrait voir le jour fin 2025, pour un montant de 15 M€.
La Banque des territoires, un accélérateur de projets dans les Alpes-de-Haute-Provence
Dans le secteur d’Allos, le maire Michel Lantelme prévoit de moderniser son Bike Park, « la clientèle a besoin d’un produit plus qualitatif et plus sécurisant . Nos espaces de montagne peuvent devenir des espaces de loisirs dans la limite du respect des espaces naturels évidement ». Son projet initialement évalué à 1,2 M€ a été repensé pour atteindre les 600 000 €. La première tranche de travaux pourrait démarrer en juin 2023 et une seconde est envisagée à l’automne.
Bâtir une station d'envergure
Toujours dans le secteur d’Allos, la président du Conseil départemental des Alpes-de-Haute-Provence, Eliane Barreille, a profité de l’occasion pour annoncer l’avancement du colossal projet de liaison entre la Foux d’Allos et le site de Praloup, l’Espace Lumière. « Un scénario définitif a été retenu. Il acte la rénovation des deux stations, la résolution des difficultés de stationnement de Praloup et les aménagements globaux nécessaires. Notre objectif est clairement de bâtir une station du niveau de celles de la Savoie. Concrètement ce projet verra le jour après la création d’un syndicat mixte, capable de gérer les deux sites. Aujourd’hui les communes et intercommunalités actrices du projet ont accepté la dissolution des deux syndicats existants pour n’en créer qu’un seul. Sachant que la DSP de la Foux d’Allos se termine en juin 2023, nous nous tenons prêt à agir. Outre la liaison par télécabine des deux sites, qui a été estimé à 45M€, nous souhaitons que des investisseurs privés viennent nous aider pour installer des hébergements de grandes qualité, je pense notamment à des hébergements 4 ou 5 étoiles. Le besoin a été estimé à 500 places de chaque côté avec beaucoup plus de services. 10 M€ ont déjà été actés dans le programme pluriannuel d’investissement du CD 04, la Région nous a assurés de son soutien à hauteur de 10M€, les communautés de communes concernées devront investir 10M€ d’ici 2026 ».
Eliane Barreille annonce déjà qu’il y aura une ouverture au capital assurant que des attaches avaient été prises avec des investisseurs privés. Le CD 04 compte également sur le soutien de la Banque des territoires sur ce projet.