Après l'été catastrophique vécu l'été dernier autour du lac de Serre-Ponçon, du fait de l'extrême sécheresse, élus et socioprofessionnels scrutent avec attention le niveau de la retenue. Avant la réunion du comité interdépartemental sur l'eau de la retenue ce mardi 30 mai, le sénateur, Jean-Michel Arnaud, la présidente de la communauté de communes de Serre-Ponçon, Chantal Eyméoud, et le président de la communauté de communes de Serre-Ponçon Val d'Avance, Joël Bonnaffoux, ont écrit au préfet de Région Christophe Mirmand.
Anticiper la période estivale sur le lac de Serre-Ponçon
Ils lui demandaient de « certifier que la cote estivale de compatibilité touristique du lac de Serre-Ponçon sera atteinte au 1er juillet 2023 en fonction des scénarios envisagés ». Auquel cas il s'agirait de « concerter tous les acteurs concernés afin d’anticiper, au mieux, la période estivale ». L'élément déclencheur de ce courrier ? Le dernier bulletin d'EDF Hydro Méditerrannée, en date du 24 mai, faisant état d'une dégradation des prévisions hydrologiques et annonçant un niveau d'eau inférieur d'au moins cinq mètres au 1er juillet.
Le lac de Serre-Ponçon se remplit de 30 à 40 cm par jour
Qu'en est-il réellement ? « Nous sommes sur une situation d'enneigement normale pour la saison et sur un quinquennal humide dans les Hautes-Alpes quant au niveau de précipitations. Et il nous reste 8 m pour obtenir la cote de remplissage maximale de la retenue. Il n'est pas impossible qu'on l'atteigne au 1er juillet. De plus, nous sommes certains qu'il n'y aura pas de déstockage anticipé de la réserve agricole, soit, pas de baisse significative d'ici au 1er juillet », répond Christophe Piana, directeur du Smadesep. Marc Viossat, 1er vice-président du syndicat mixte d'aménagement du lac de Serre-Ponçon, table sur une montée des eaux dans les jours qui viennent : « aujourd'hui, le lac se remplit de 30 à 40 cm par jour, rythme qui pourrait s'accélérer en fonction des précipitations. Nous sommes prudents, mais aujourd'hui, il n'y a pas matière à considérer que nous serions dans une situation épouvantable, ce n'est pas vrai. »
Un arrêté pour une équité entre les territoires
L'été dernier l'a démontré : le niveau de Serre-Ponçon a une influence considérable sur l'attractivité du territoire. La sécheresse exceptionnelle a résonné comme un détonateur et a conduit tous les acteurs concernés à prendre des mesures. Bonne nouvelle : la perspective d'adopter dans les prochaines semaines un document réglementaire, un arrêté cadre interdépartemental relatif à la gestion et à la préservation de la ressource en eau en période d’étiage sur les axes de la Durance, du Verdon et de la Siagne. A la clé, une meilleure coordination des restrictions des usages de l’eau dans les départements des Alpes-de-Haute-Provence, Alpes-Maritimes Hautes-Alpes, Bouches-du-Rhône, Var et Vaucluse par les préfets lors des épisodes de sécheresse. « Soit une équité entre les territoires. Les arrêtés sécheresse n'étaient pas les mêmes d'un département à l'autre, se situant pourtant sur un même bassin », précise Marc Viossat. « C'est l'un des engagements pris par le préfet de Région l'an dernier de faire en sorte que les efforts soient partagés par l'ensemble des usagers du lac et non par quelques-uns », complète Christophe Piana.
Dialogue avec les agriculteurs
En parallèle, les élus et socioprofessionnels du lac et la CED (commission exécutive de la Durance), qui endosse la responsabilité de gérer la réserve agricole du barrage de Serre-Ponçon, ont engagé un véritable dialogue et un échange sur le terrain pour comprendre les difficultés de chacun, les efforts déployés et enclencher un principe de solidarité non réglementaire. « Cela a permis d'humaniser les rapports de territoires aux usages divergents, de rapprocher les points de vue. Cela a conduit à ce que la CED prélève 27% d'eau en moins que l'an dernier à pareille époque », se réjouit Christophe Piana.
Le Smadesep, premier concerné, a lui-même engagé un plan de résilience. Les conclusions issues des concertations ont été livrées, se tiennent aujourd'hui des réunions sur site avec les maires et intercommunalités concernés, le CAUE, le Département et le maître d'œuvre recruté par le Smadesep. Le 26 juin, une première esquisse sera présentée aux deux Agences de développement et aux socioprofessionnels du lac qui délivreront leurs retours. Une présentation formelle se déroulera en septembre, préalable à la détermination d'une première phase de travaux prioritaire d'ici la fin de l'année.