L’architecture se décline au féminin pluriel, au sein de l’agence marseillaise Anne Lévy & associée. C’était déjà le cas auparavant : les cinq salariés que compte la structure sont des femmes. Ça l’est encore un peu plus, depuis le début d’année, avec l’arrivée d’Agnès Blache en qualité d’associée au sein de l’agence. Cette dernière n’arrive pas en terrain inconnue : elle collaborait depuis 2011 avec Anne Lévy, en free-lance dans un premier temps, puis par la suite comme chargée de projet - suivi des travaux et Ordonnancement, pilotage et coordination (OPC). Ce rapprochement vient par ailleurs entériner une relation professionnelle « fluide et constructive, où chacune apporte à l’autre des compétences complémentaires », explique le binôme. « Cela répondait aussi à une envie réciproque de l’impliquer dans les prises de décisions et de me recentrer sur mon métier d’architecte et sur la production », complète Anne Lévy.
Reconnue pour son expertise dans l’aménagement et la construction pour le secteur portuaire/maritime, l’agence s’est aussi spécialisée dans ceux de bâtiments tertiaires et industriels. Deux chantiers, situés à Marseille, dans les secteurs de la Rose et de Château-Gombert, sont en cours : l’un pour la RTM (Régie des transports métropolitains), l’autre pour une entreprise industrielle du secteur de la défense.
Conjuguer rationalité et esthétisme
Autant de domaines d’activités qu’elle affectionne particulièrement, contrairement à ceux liés au logement individuel ou collectif notamment. « Travailler sur des projets de type industriel présente un avantage appréciable : vous répondez à un besoin énoncé, sans affect, résume Anne Lévy. Le maître d’ouvrage envisage son bâtiment comme un contenant pour son activité. Notre rôle est de lui apporter une réponse rationnelle mais aussi esthétique, dans la mesure où le bâtiment représente l’image de marque de l’entreprise, sa vitrine, et sans surcoût. »
Cette posture pragmatique a fait mouche auprès des dirigeants de l’entreprise Monaco Marine pour lesquels elle a successivement coréalisé avec Nicolas Magnan, 2 500 m2 de bureaux et ateliers, puis une cabine de peinture dédiée aux méga-yachts, à La Ciotat. C’est cette même démarche « s’interroger et restituer, à travers le bâtiment, l’identité de ceux qui vont l’occuper », qui l’a amenée à intégrer, pour le nouveau bâtiment du syndicat mixte d’aménagement des digues du delta du Rhône et de la mer (Symadrem) - l’organisme en charge de l’aménagement des digues sur le delta du Rhône -, une rampe d’accès rappelant les ouvrages d’art que ce dernier réalise.
Une même fibre environnementale
La dimension environnementale est une autre constante, intégrée depuis longtemps dans les réalisations de l’agence, à l’image du bâtiment de la Capitainerie de Savines-le-Lac dans les Hautes-Alpes, labellisé HQE (Haute Qualité environnementale) et BDM niveau Or (Bâtiments durables méditerranéens). La récente arrivée d’Agnès Blache, à la codirection de l’agence, s’inscrit pleinement dans cette démarche. Les deux femmes partagent la même fibre environnementale, et en particulier la même appétence pour l’intégration de matériaux biosourcés dans leurs projets.
En parallèle à la conception-réalisation de bâtiments industriels, tertiaires, portuaires et maritimes, l’agence s’intéresse également au secteur culturel. Elle a remporté en 2020 le concours pour la construction du pôle de recherche et de conservation du patrimoine vauclusien à Avignon, en association avec les architectes Gautier Conquet (études en cours), et réalisé les réserves des musées de Nancy. Anne Lévy a par ailleurs ouvert en 2014 une filiale au Maroc, à Tanger, ville dont elle a signé le chantier naval du nouveau port de plaisance.
Des bureaux en « vert » pour la RTM
Le bâtiment tertiaire conçu pour la Régie des transports métropolitains (RTM), dans le quartier de la Rose, à Marseille, reprend les éléments qui constituent la marque de fabrique de l’agence : simplicité des formes, sobriété de l’ensemble, le tout allié à une démarche environnementale assumée. Le lieu, destiné à accueillir des bureaux, des ateliers et le stockage, se dresse en surplomb de l’avenue Albert-Einstein (13e), dans le prolongement d’un parking en surface, dont la conception et la réalisation ont également été confiées à l’agence.

Celle-ci a dû faire face à plusieurs contraintes : l’exiguïté du terrain, une bande étroite coincée entre des bâtiments existants et la voirie, d’une part ; la présence de sites alentours occupés d’autre part. Autant de paramètres qui impliquaient un phasage des travaux au cordeau. Le choix des matériaux pour la superstructure (bois et acier) rendait aussi « la phase d’assemblage complexe », note Agnès Blache, en particulier pour la mise en œuvre du porte-à-faux de six mètres de longueur sur une des façades latérales. Hormis le soubassement en béton, l’ensemble du bâtiment est en bois, avec la volonté de laisser les panneaux en CLT (bois lamellé-croisé) apparents dans les espaces intérieurs. L’architecte a, en revanche, choisi un parement minéral pour les murs de façade.
Les matériaux biosourcés et les solutions éco-environnementales ont par ailleurs été largement privilégiés : isolation fibre de bois, cloisons intérieures en gypse de cellulose, façade végétalisée, centrale de traitement d’air et pompe à chaleur chaud/froid. Autant de choix de frugalité énergétiques qui ont été récompensés par le label BDM argent.
Après l’achèvement des travaux de l’enveloppe en février, les travaux d’aménagement intérieur se poursuivent jusqu’à cet été, date prévue pour sa livraison.