La nouvelle avait été annoncée fin juin au salon du Bourget : Patrolair va ouvrir un pôle d'excellence drone aux Orres. La société, implantée à Aix-en-Provence, forme les télépilotes professionnels à l'utilisation de drones lors de missions particulières, ce qui nécessite une excellente maîtrise technique, des procédures et de la réglementation. A la manœuvre, ce sont des dirigeants issus de l'aéronautique.
Les applications du drone en montagne sont larges. L'engin permet la recherche de personnes hiver comme été grâce à une caméra infrarouge repérant toute source de chaleur. Un déploiement rapide, dans des milieux difficilement accessibles, évitant à l'homme de prendre des risques quand il s'agit de réaliser des inspections techniques sur une remontée mécanique ou un déclencheur préventif d'avalanche.
La machine peut être envoyée en reconnaissance lors d'une panne de remontée et signaler précisément la présence de personnes à l'intérieur. Le drone se révèle un précieux outil de modélisation 3D, analyse cartographique et topographique, mesures volumétriques. Il a d'ailleurs servi à cette fin lors de l'esquisse d'un programme immobilier aux Orres. Il est aussi utilisé dans la production de neige de culture et le calcul du manteau neigeux. Ou encore pour déterminer les déperditions de chaleur d'un bâtiment. Ce n'est qu'un début.
Pour former des montagnards, mieux vaut le faire dans leur milieu
Voyant son portefeuille clients grandir en station, Patrolair s'interroge sur la pertinence de travailler indépendamment avec chacune d'entre elles, réfléchissant à la possibilité de mettre en commun tout l'écosystème et les connaissances gravitant autour du drone en montagne. L'entreprise imagine, dans un premier temps, monter un centre de formation en montagne, une drone académie. Partant du principe que pour former des montagnards, mieux vaut le faire dans leur milieu.
Les besoins des domaines dépassant la formation, émerge l'idée d'un pôle d'excellence, élargissant le champ à la mission de conseil et à l'accompagnement. « Nous allons, par exemple, aider Courchevel, qui part de rien, à monter une unité de drone, accompagner l'équipe, y compris dans l'achat du matériel, jusqu'à ce qu'elle soit opérationnelle. Nous allons déposer un dossier auprès de l'aviation civile de demande d'autorisation d'exploitation permettant d'opérer en toute sécurité, dans les règles aéronautiques et les conditions qu'on aura définies. Le pôle va s'occuper des dérogations pour permettre au drone en station de voler au-delà du kilomètre autorisé. Le pôle peut aussi devenir une plateforme de mutualisation de compétences. Une station peut se spécialiser dans un domaine et effectuer des opérations pour le compte d'une autre. Cela fait sens quand il s'agit de mesurer l'épaisseur du manteau neigeux qui nécessite des équipements coûteux. Serre Chevalier en a fait sa spécialité. De la même manière qu'à moyen terme, Les Orres vont installer un simulateur de mission pour s'entraîner, au sein de leur projet de station expérientielle », décrit Antoine Fleischmann, directeur général de Patrolair.
La mise à disposition de salles et d'une aire d'entraînement
Pourquoi avoir choisi d'implanter ce pôle d'excellence aux Orres ? Du fait, premièrement, de l'appétence de la commune pour les applications liées au drone, et de la proposition de son maire, Pierre Vollaire, de nouer un partenariat. Deuxièmement, la station se situe à seulement deux heures d'Aix-en-Provence. La station mettra à disposition de Patrolair des salles et une aire d'entraînement.
« Les formations initiales se dérouleront de préférence aux Orres pour toutes les personnes issues du milieu de la montagne », indique le directeur général. La société n'exclut pas l'idée, à l'avenir, de développer des antennes de formation dans d'autres points du massif alpin, voire dans les Pyrénées ou dans le Jura. Cela implique de former et de déployer des télépilotes instructeurs dans les différents massifs. Quoi de mieux que des instructeurs montagnards pour former d'autres montagnards ? « Ce pôle vise la mise en commun de nos compétences aéronautiques avec celles issues des gens de la montagne », rappelle Antoine Fleischmann.
Le partenariat avec Les Orres débute le 21 août par la formation de quatre télépilotes de Courchevel.