Utilisé depuis des siècles en Asie, en Afrique ou en Amérique du Sud, le bambou est une plante à croissance rapide qui s’adapte à presque tous les climats. Les caractéristiques mécaniques du bambou et son abondance sur ces continents le rendent attrayant : il est utilisé pour l’ameublement, le textile, la construction… Les tiges du bambou, extrêmement résistantes, en font en effet un matériau de construction léger, robuste et naturel. Il sert alors à la réalisation de clôtures, murs, charpentes, planchers, cloisons, échafaudages.
La fibre de bambou se démarque d’autres matériaux par sa résistance remarquable face à sa masse volumique relativement faible. Son module à la rupture en traction axiale est de l’ordre de 200 Mégapascals (MPa) et de 70 MPa pour la compression, tandis que son module d’élasticité en flexion est de 13 500 MPa.
Pas encore de filière structurée
D’un point de vue environnemental, sa culture permet d’éviter l’érosion des sols et de fixer jusqu’à 60 tonnes de CO2 par hectare et par an. Mais attention : cultivé chez nous, le bambou peut être invasif et avoir un impact négatif sur les écosystèmes environnants locaux. Il faut donc garder un œil sur les risques liés à son exploitation intensive, et sur sa provenance.
En France, il n’y a pas encore de filière structurée, mais le bambou est ponctuellement utilisé en parement extérieur, revêtement intérieur, parquet, mobilier… Des études pour mettre en œuvre du bambou d’ingénierie structurelle sont même en cours : ReNüTeq Solutions développe actuellement un lamellé-collé de fibres brutes de bambou permettant d’obtenir une solidité bien supérieure à celle du bois.
Philippe Holstein, maître d’ouvrage du pôle d’échanges multimodal de Nîmes - Pont-du-Gard

La nouvelle gare de Nîmes (Gard), qui a obtenu le niveau BDO argent [Bâtiments durables Occitanie, NDLR], est emblématique de l’ambition de SNCF Gares & Connexions et de son agence d’architecture, Arep, face à l’urgence écologique. Nous la voulions éco-durable et bas carbone.
La conception bioclimatique du grand hall, très lumineux et ouvert sur le paysage sans compromettre le confort thermique d’été, demandait des protections solaires efficaces tant en façades qu’en plafond, vitré lui aussi. Le choix s’est porté sur des nappes de brise-soleil, utilisant le bambou brut à claire-voie, en tronçons de 1,5 m de longueur et de 40 mm de diamètre, en référence aux canisses méditerranéennes.
Quels sont les spécificités du bambou ?
Nous avons travaillé avec les experts des Pépinières de la Bambouseraie, situées à Nîmes et Anduze, pour sélectionner la variété qui convenait, parmi les 2 000 existantes : le Dendrocalamus Strictus a été choisi pour ses parois épaisses qui garantissent la résistance mécanique et la tenue au feu requises, tout en restant très léger. La Bambouseraie s’est approvisionnée au Vietnam dans une démarche bas carbone, éthique et responsable, parfaitement maîtrisée.
Pour l’intérieur, les chaumes de bambous ont été traités par la société Woodenha, spécialiste de l’ignifugation, afin d’atteindre l’Euroclasse B, ce qui a permis, pour la toute première fois, son utilisation dans un établissement recevant du public. Avec une durée de vie supérieure à 20 ans et son bilan écologique très favorable comparé au métal ou au bois, le bambou présente de sérieux atouts.
Propos recueillis par Isabelle Cambos
Plus d’informations :
https://bambouenfrance.fr/
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https://www.moso-bamboo.com/fr
Bâtiment Durables Méditerranéens
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