Unicil est en action dans le grand chantier de restauration immobilière de la ville de Marseille. Dans le cadre du plan d’investissement volontaire (PIV) d’Action Logement, l’entreprise sociale pour l’habitat phocéenne s’est engagée à traiter 320 lots en copropriété dégradée. Cet engagement a été marqué en décembre 2022 par l’obtention d’un accord de principe de la Ville de Marseille et de la Métropole Aix-Marseille-Provence pour lui permettre d’intervenir sur le recyclage en logement locatif social de la totalité des 220 logements que compte la copropriété Maison Blanche, l’une des copropriétés marseillaises en déshérence inscrites dans le plan national initiative copropriétés. « A l’origine, l’enveloppe du PIV ne portait que sur 120 à 150 logements. On est passé à 250 pour arriver finalement à 350 », décrit Eric Pinatel, directeur général d’Unicil.
Pour agir, l’ESH (Entreprise sociale pour l'habitat) puisera dans l’enveloppe de 375 millions d’euros mobilisée par le groupe Action Logement dans son PIV du plan initiative copropriétés. Avec l’îlot Hoche Versailles (8 immeubles pour 132 logements), la copro Maison Blanche est dans le radar de l’arsenal d’intervention des pouvoirs publics : Hoche-Versailles est l’un des îlots prioritaires du Projet partenarial d’aménagement (PPA) Marseille Horizons mis en orbite par l’Etat, les collectivités et les partenaires publics (Anah, Anru, ARHLM, CDC...) en juillet 2019 ; Maison Blanche de son côté est inscrite dans le périmètre de l’opération d’aménagement d’intérêt national Euroméditerranée. Le 23 août 2019, l’incendie d’un des bâtiments (le bâtiment G) de cette cité du 14e arrondissement avait contraint une vingtaine de familles à abandonner leur logement détruit par les flammes. Un drame qui avait jeté une lumière crue sur l’urgence de la situation de cette copropriété devenue la proie des marchands de sommeil.
En action sur Maison Blanche et Hoche Versailles
Pour pouvoir intervenir dans ces deux copropriétés privées, la Métropole AMP a mandaté l’établissement public foncier de Provence-Alpes-Côte d’Azur (EPF Paca). L’EPF a engagé le lent et difficile travail de maîtrise foncière, achetant les lots de ces deux ensembles décatis. « L’établissement avait lancé un appel à candidature pour désigner un gestionnaire des logements qu’il achetait. Nous avons été retenus au début de l’année 2020. L’objectif est de réhabiliter, à terme, les parties privatives, les parties communes et l’enveloppe du bâtiment tout en assurant l’accompagnement social des résidents », précise Eric Pinatel.
Sur Maison Blanche, ce travail de régénération s’effectuera en deux phases. « Dans un premier temps, nous interviendrons sur la soixantaine de lots cédés par l’EPF puis nous nous engagerons progressivement sur le reste des lots au fil de leurs acquisitions », ajoute le directeur. Dans cette démarche de longue haleine, le bailleur travaille en lien avec les collectivités. « Fin 2022, la Ville de Marseille a défini un projet d’ensemble. Cette feuille de route va guider notre action », ajoute le directeur.
En marge de cette mission de gestionnaire, Unicil va s’atteler à un autre chantier prioritaire : l’obtention des agréments pour développer du logement locatif social, un sésame obligé pour dégoter les financements à taux préférentiels des HLM. « Il faudra obtenir des dérogations pour avoir l’autorisation de produire du logement social dans ce site inscrit en Quartier prioritaire de la ville (QPV) », décrypte Eric Pinatel.
En pointe dans le PPA marseillais
Hormis ces copropriétés dégradées, Unicil est également impliqué dans les opérations de rénovation immobilière du centre ville. Un engagement gravé dans le marbre d’une convention paraphée en février 2020 avec la Métropole AMP dans le cadre du projet partenarial d’aménagement (PPA). A cette aune, le bailleur va réaliser des opérations expérimentales d’acquisition-amélioration sur des sites pilotes dans l’hyper centre. Après trente mois de procédures, ces chantiers complexes s’apprêtent enfin à entrer en phase opérationnelle.
Le 28 décembre 2022, Unicil a acquis son premier immeuble, sis au 49 rue des Bons Enfants (6e). Cet immeuble sera réhabilité pour offrir à terme cinq logements traversants (T3).
Après avoir signé les promesses de vente fin 2022, le bailleur vient de déposer les demandes d’autorisation d’urbanisme pour la rénovation lourde de plusieurs immeubles aux numéros 7 rue Méolan, 8 rue d’Aubagne et 32 rue du Musée (1er). Dans la foulée, il déposera cet été les dossiers de demande de permis de construire pour l’immeuble du 13 rue Saint-Michel (6e).
Rue Jean Roque (1er), l’ESH prépare un ambitieux projet. « Il s’agit de deux immeubles sis aux numéros 9 et 11 de la rue que l’on prévoit de regrouper pour y aménager une dizaine de logements. Il faudra que l’on règle les problèmes de luminosité car la plupart des lots ne sont pas traversants. On installera un ascenseur », explique le dirigeant. Dans ce projet, l’ESH est accompagnée par une équipe de maîtrise d’œuvre dédiée pilotée par l’agence Zakarian-Navelet.
320 logements rue de la République
Sur la rue de la République, l’ESH va créer quelque 320 logements sociaux dans les immeubles haussmanniens jadis dans le patrimoine de Promologis, ESH toulousaine dont le parc immobilier provençal (de l’ex Régionale de l’Habitat) est passée dans son giron en 2017. « On espère lancer les travaux cet automne. Cela a pris du temps car on a dû composer avec des squats. Au total, nous détenons une douzaine d’entrées que nous allons restructurer pour développer des logements étudiants », explique Eric Pinatel.
Enfin, Unicil figure dans l’un des trois groupements d’opérateurs lauréats de l’appel à manifestation d’intérêt (AMI) lancé par la société publique locale d’aménagement d’intérêt national (SPLA-IN) pour la remise à niveau d’une trentaine d’adresses du PPA. Dans l’attente de la notification officielle, le dirigeant de l’Esh se refuse à toute communication sur le projet. Seul indice : « Ce seront des chantiers de longue haleine... ».
Réhabilitation
Unicil intervient également sur son propre patrimoine (30 000 logements). L’ESH réhabilite en moyenne plus d’un millier de logements par an. Elle vient ainsi de livrer les travaux de rénovation de sa plus ancienne résidence, l’ensemble Sauveur Tobelem. Cette résidence de 39 logements (R+3) érigée en 1889 qui figurait dans le parc des "habitations bon marché" (HBM) de l’ancienne Phocéenne d’Habitation a bénéficié d’un lifting complet. Un chantier de 1,3 million d’euros HT qui a notamment permis de reconfigurer l’intégralité des pièces d’eau et d’améliorer le confort thermique des logements.
Autre projet phare : la rénovation de la résidence de la Plage, près de la place de l’Amiral Muselier dans les quartiers sud de Marseille (8e). Cet ensemble de 81 logements (en bâtiments R+3 / R+4) niché juste en face de la base nautique du Roucas Blanc a eu droit à des travaux qui ont permis d’améliorer sa performance énergétique globale. Montant du devis : 2,6 millions d’euros HT.
L’ESH livrera fin septembre une importante opération mixte sur sa résidence Saint-Régis, située avenue de la Pomme (11e) dans les quartiers Est. La filiale d’Action Logement a profité du projet de réhabilitation de cet ensemble de 80 logements pour développer une opération d’intensification urbaine. Ce parti s’est concrétisé par la construction d’un programme neuf d’une trentaine d’appartements (T2 au T4) sur une parcelle en friche jouxtant les deux bâtiments de la résidence.
1er programme BRS à Bandol
A l’instar de la plupart des bailleurs sociaux, Unicil se déploie sur le segment de l’accession sociale. Une ambition porté par un organisme de foncier solidaire (OFS) qui livrera cet automne sa première opération en bail réel solidaire (BRS) à Bandol, dans le Var. Un ensemble de 30 logements réalisé au cœur d’une ancienne résidence de tourisme désaffectée perchée sur les hauteurs de cette commune balnéaire.