Un an après le lancement du chantier de prolongement de la promenade du Paillon, la Ville de Nice vient, à la suite de la déconstruction du Théâtre national de Nice (TNN), d'acter l'engagement des deux nouvelles phases de travaux : la création du belvédère de la Bourgada au pied du Mamac et l'aménagement paysager de l'esplanade du Maréchal de Lattre de Tassigny, à l'arrière d'Acropolis. Cette emprise de 7 800 m2 accueillera 250 arbres d'essences multiples pour constituer une partie de la « fôret urbaine » (1 500 nouveaux arbres prévus) qu'ont dessiné Alexandre Chemetoff et Joào Luis Carrilho da Graça, les architectes en charge de l'extension de ce parc urbain en cœur de ville (8 hectares de façade à façade, un kilomètre de long).
Mais pour réaliser cet aménagement paysager, il faudra dévoyer les réseaux, réaliser des travaux d'étanchéité des voûtes du Paillon, terrasser avec l'apport de quelque 8 000 m3 de terre pour permettre le développement de ces nouveaux végétaux... Et préalablement libérer cet espace de toute occupation afin d'engager les travaux sur ce secteur à partir de juin prochain et jusqu'à la livraison finale de la promenade du Paillon, fin 2025.
Nouvelle perspective paysagère
Pour le belvédère de la Bourgada, il s'agit de créer une rampe végétalisée de plantations d’essences méditerranéennes, permettant d’accéder par un escalier monumental au Mamac et à un nouveau passage haut aménagé au sein du musée. Une traversée qui va donner une porosité entre le Musée d'art moderne et d'art contemporain et le parc urbain, là où précédemment le TNN, dessiné par l'architecte Yves Bayard et inauguré par Jacques Médecin en 1989, constituait une barrière.
Nice : avec la phase 2 de la promenade du Paillon, la ville-jardin s'étend
Ces travaux sont prévus entre le printemps prochain et l'été 2024. « Cet espace a retrouvé la lumière qu'il avait perdu depuis des décennies », a commenté le maire de Nice, Christian Estrosi, à la suite de la disparition du TNN et à la nouvelle perspective paysagère qui s'offre.
Pour l'autre démolition d'équipement public installé sur la couverture du Paillon, celle d'Acropolis, elle devrait s'engager en mars prochain. Le permis de démolir a été signé fin décembre et début janvier une décision de justice a prolongé jusqu'à fin février la procédure d'information des salariés d'Acropolis sur leur futur emploi et conditions de travail ainsi que sur les mesures d'accompagnement prévues par la ville.
« Un bâtiment daté »
Pour la collectivité en tout cas et malgré les oppositions politiques, le devenir de ce équipement - une autre réalisation de Jacques Médecin en 1985 - est scellé même si le bâtiment a fait l'objet, au début des années 2010, de travaux de mise en sécurité (27,4 millions d'euros) puis d'embellissement, confiés à Jean-Michel Wilmotte (6,3 millions d'euros).
« Acropolis est un bâtiment daté, correspondant à une époque où Nice n'avait pas l'attractivité actuelle. Il s'agit aussi d'un bâtiment énergivore, émettant avec le TNN, 1 700 tonnes de CO2 par an. Et sa disparation n'aura qu'un impact limité sur les nuitées dans les hôtels car il n'en génère que 4 % », argumente Christian Estrosi.
Avec cette dé-densification de l'hypercentre au profit du végétal, la Ville y voit également un moyen de lutter contre les îlots de chaleur urbains, l'imperméabilisation des sols et le ruissellement du pluvial mais aussi d'améliorer la qualité de l'air dans les rues à proximité, soumises à l'effet "canyon". Elle promet en tout cas une déconstruction exemplaire, à l'image de ce qui a été fait pour le TNN. Les plaques de marbre de Carrare qui habillaient les façades ont été déposées et stockées, en vue de réemploi. Les 12 000 tonnes de béton ont été traités sur la plateforme de recyclage de l'entreprise Garelli dans la plaine du Var et, concassés et criblés, serviront de remblais sur de futurs chantiers. Le fer a également été valorisé. La PME niçoise spécialisée dans la démolition, les terrassements et les travaux acrobatiques, n'en est pas à son coup d'essai. Déjà présente sur les chantiers de démolition du Point du Jour à Saint-Laurent-du-Var et de l'hôpital Saint-Roch à Nice, on va la retrouver sur le chantier d'Acropolis.