AccueilEconomieMarseille : le logement social au prisme de l’urbanisme

Marseille : le logement social au prisme de l’urbanisme

Après la démission de Mathilde Chaboche, la Fondation Abbé Pierre et l’Association régionale des organismes HLM Paca-Corse en appellent à une relance de construction de logements sociaux. Avec des propositions différentes...
Rappelons que l’habitat reste une compétence métropolitaine, la Ville de Marseille n’ayant qu’un rôle secondaire en la matière, son seul véritable levier opérationnel étant les autorisations d’urbanisme.
M.Colin - Rappelons que l’habitat reste une compétence métropolitaine, la Ville de Marseille n’ayant qu’un rôle secondaire en la matière, son seul véritable levier opérationnel étant les autorisations d’urbanisme.

Economie Publié le ,

La démission de Mathilde Chaboche de sa délégation à l’urbanisme de la Ville de Marseille, après l’annonce des mauvais chiffres de production de logements sociaux dans la cité phocéenne, a provoqué la réaction des acteurs de la chaîne de l’habitat. Dans un communiqué publié le 11 mai, la Fondation Abbé Pierre (FAP) appelle à « un sursaut ». « L’objectif légal de produire 7 674 logements sociaux en trois ans (2020-2022) était ambitieux mais réaliste et nécessaire au regard des milliers de ménages qui vivent des conditions de logement indigne. Or, seul 2 931 logements sociaux ont été produits. Cet objectif avait d’ailleurs été atteint et dépassé lors de la période précédente (2017-2019) », souligne la FAP.

« En l’absence de nouveaux logements sociaux et compte tenu de la très faible mobilité dans le parc social et privé cela induira :

  • un renforcement de la suroccupation des logements dont les effets délétères sont bien connus,
  • l’augmentation de la part des expulsions locatives sans proposition de relogement, déjà en forte hausse,
  • le renforcement de l’emprise des marchands de sommeil qui profiteront de la rareté des logements disponibles au détriment des personnes les plus pauvres,
  • l’augmentation de la part des personnes sans-abri et/ou vivant dans des squats/bidonvilles ou assimilés ».
  • Marseille : le logement (social) entre urgence et carence

Préemption des logements du parc privé ?

La Fondation Abbé Pierre appelle à répondre aux 45 000 demandes de logements sociaux en souffrance dans Marseille en relançant la production. Elle propose une série de mesures. Primo, « penser la construction de logement social à l’échelle de la ville de Marseille mais également de la Métropole Aix-Marseille Provence, en envisageant ce territoire dans sa globalité ».

Deuzio, elle demande de « concilier une hausse de la construction avec une meilleure qualité notamment énergétique», un effort « qui ne se fera pas sans soutien financier massif de la part de l’État, sachant que la part du PIB (produit intérieur brut) consacré à l’effort public pour le logement est en baisse depuis 2010 (perte de l’équivalent de 15 milliards d’euros par an à l’échelle nationale) ».

Tertio, « prioriser le logement social par rapport aux usages moins essentiels, comme le tourisme ou les résidences secondaires, également à l’échelle métropolitaine, pour viser la sobriété foncière sans pénaliser les mal-logés ».

Dernière solution : « Produire du logement social en préemptant des logements privés à transformer en logements sociaux, ou en conventionnant des logements locatifs privés ».

Nice Côte d'Azur : la Métropole et les bailleurs sociaux plafonnent la Vefa

L’Arhlm tend la main à la Ville de Marseille

En première ligne dans ce dossier, les bailleurs sociaux ont également réagi. Dans un communiqué publié le 12 mai, l’association régionale des organismes HLM Paca-Corse (ARHLM) ne dit pas un mot de Mathilde Chaboche. Mais elle tend la main à Eric Méry, le nouveau conseiller municipal délégué à l'urbanisme et l'aménagement durable en l’assurant « de son soutien pour mener à bien les actions listées dans les conclusions des États généraux du logement organisés par la Ville en fin d’année 2022, ainsi que les ambitions quantitatives et qualitatives exprimées dans le programme local de l’habitat (PLH) auquel la Ville a participé et qui a été adopté par la Métropole Aix-Marseille Provence au mois de mars ».

Les bailleurs se disent prêts à relancer la construction d’HLM. « Malgré un contexte macro-économique complexe fait d’inflation et d’incertitudes », ils affirment « rester mobilisés aux côtés de la Ville de Marseille pour produire les 2 300 logements abordables par an dont plus de 1 500 en locatifs sociaux ».

David Ytier : « La ville de Marseille va devoir indiquer où elle souhaite densifier et ouvrir de nouveaux droits à construire »

Pour une intégration de l’habitat et de l’urbanisme

L’ARHLM se fend par ailleurs d’une demande plus étonnante, relative à l’organisation de la gouvernance municipale. « Dans un objectif d’efficacité de traitement des autorisations administratives », les bailleurs « souhaitent une étroite collaboration entre les portefeuilles de responsabilité en matière de logement et d’urbanisme ».

Ils considèrent que « la situation mérite une coordination renforcée des moyens pour accélérer la production de logements sociaux sur la commune et l’expérience nous amène à penser qu’une plus grande fluidité serait trouvée si ces délégations étaient réunies sous une seule responsabilité ». Cette requête qui fait écho aux attentes exprimées mezzo voce par Patrick Amico, adjoint chargé de la politique du logement et de la lutte contre l'habitat indigne, sera certainement reçue avec un certain scepticisme à la mairie. L’absence d’un adjoint de plein exercice dédié à l’urbanisme pour remplacer Mathilde Chaboche ne va pas vraiment dans le sens de l’intégration habitat/urbanisme que les bailleurs appellent de leurs vœux.

Retrouvez notre dossier sur la politique de logements à Marseille

L’urbanisme sous la tutelle du maire ?

Rappelons que l’habitat reste une compétence métropolitaine, la Ville n’ayant qu’un rôle secondaire en la matière, son seul véritable levier opérationnel étant les autorisations d’urbanisme.

Membre comme sa prédécesseure de Mad Mars, le mouvement citoyen rallié au Printemps Marseillais, Eric Méry n’est que conseiller municipal... un rang politique moins élevé que celui d’adjoint. En la matière, Marseille retrouve la configuration qui existait durant la troisième mandature de Jean-Claude Gaudin : entre 2008 et 2014, Claude Vallette, n’était lui aussi que conseiller municipal délégué à l’urbanisme. Mais à l’époque, ce gynécologue qui a longtemps présidé l’Agam n’avait pas la main sur les autorisations de construire : la signature des permis était dans les mains d’une adjointe dédiée : Danielle Servant. Une élue discrète qui était sous la tutelle du cabinet du maire.

Une décennie plus tard, le schéma va-t-il se reproduire ? Le nouvel organigramme municipal pourrait le laisser penser. Surtout quand le cabinet de Benoît Payan compte la présence de deux conseillers ayant travaillé dans les hautes sphères de l’Etat : François Lamy, ancien ministre délégué à la ville de Jean-Marc Ayrault, et Laurianne Deniaud, ex-première adjointe au maire (PS) de Saint-Nazaire qui fut cheffe de cabinet de François Lamy au ministère de la Ville.

Partager :
Abonnez-vous
  • Abonnement intégral papier + numérique

  • Nos suppléments et numéros spéciaux

  • Accès illimité à nos services

S'abonner
Journal du 12 avril 2023

Journal du12 avril 2023

Journal du 05 avril 2023

Journal du05 avril 2023

Journal du 29 mars 2023

Journal du29 mars 2023

Journal du 22 mars 2023

Journal du22 mars 2023

S'abonner
Envoyer à un ami
Connexion
Mot de passe oublié ?