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Marseille : la Métropole Aix-Marseille Provence va droit au BUV

Alors que la poursuite du chantier du boulevard urbain Sud est suspendu aux décisions de justice, la métropole Aix-Marseille Provence lance l’aménagement d’un chaînon de 1,7 km dédié aux modes doux. Un tronçon rebaptisé « boulevard urbain vert ».
Vue du point presse du 18 octobre, avec (au centre de g. à dr.) Laure-Agnès Caradec, Philippe Ginoux, Martine Vassal et Didier Réault.
(Crédit : W.A.) - Vue du point presse du 18 octobre, avec (au centre de g. à dr.) Laure-Agnès Caradec, Philippe Ginoux, Martine Vassal et Didier Réault.

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En attendant le "BUS" (boulevard urbain sud) complet, voilà le "BUV". Comprendre le "boulevard urbain vert". Six jours après que le Conseil métropolitain ait voté le lancement du projet, Martine Vassal a dévoilé, lors d’un point presse et en présence des élus de secteur et des représentants des comités d’intérêt de quartier (CIQ), les contours de ce BUV, version douce et terminale du BUS.

Alors que la Ville de Marseille a intenté des recours en justice (cf. ci-dessous) pour bloquer la poursuite du chantier de cette rocade censée parachever le contournement nord/sud de l’agglomération phocéenne, la présidente de la Métropole Aix-Marseille Provence a décidé de repasser à l’offensive en actionnant le dernier tronçon de la voie. Un chaînon de 1,7 km de long reliant le chemin du Roy d’Espagne à la traverse de Parangon. « J’ai demandé au maire comment on pouvait sortir de ce blocage. L’attitude de la Ville nous empêche de réaliser un Bus à haut niveau de service (BHNS) dans ces quartiers complètement thrombosés aux heures de pointe », a plaidé l’élue. « Je ne peux pas comprendre qu’on soit contre un projet qui va apaiser les noyaux villageois », soupire Philippe Ginoux, conseiller métropolitain délégué à la voirie, aux infrastructures, aux parcs et aires de stationnement, aux pistes cyclables, au schéma de voirie.

Laure-Agnès Caradec avance un autre argument : la prochaine arrivée du tramway à La Gaye. « Il serait aberrant que le BUS ne desserve pas le futur terminus du tram’ où sera aménagé un parking relais », râle la conseillère départementale.

La séquence nord-ouest du boulevard urbain vert, entre la traverse Pourrière et la rue Jules Rimet. (Crédit : Métropole AMP)

Un dernier tronçon en vert et contre tous

Alors que la Métropole a contre attaqué en justice en intentant un recours au tribunal administratif pour tenter d’invalider l’annulation par la Ville de la convention de mise à disposition de la cinquantaine de parcelles (3,5 hectares) du parc municipal de la Mathilde, au Cabot, pour permettre l’aménagement du maillon central de la voie, la patronne de l’Epci veut faire redémarrer le BUS. En prenant la municipalité à témoin avec un projet qui fait la part belle aux modes doux de déplacement. « Le compte à rebours est lancé. Le BUS a été déclaré d’utilité publique (DUP) en septembre 2016. La DUP a été prorogée par le préfet jusqu’en 2026.

« En attendant que la justice statue sur le bien fondé de notre recours aux mois de février/mars 2024, nous engageons le dernier tronçon qui couvre une myriade de terrains en jachère objets, pour certains d’entre eux, d’occupations illégales. »

Cette fois pas de rocade routière au programme « puisqu’il s’agit d’aménager un boulevard urbain totalement apaisé affecté aux mobilités douces le long des voies de circulations existantes ». En 2025, piétons et cyclistes devraient donc pouvoir circuler en toute quiétude dans des cheminements sécurisés qui formeront l’épine dorsale de cette coulée verte. Le tout dans un environnement préservé dont le niveau de chlorophylle sera boosté avec la plantation de 70 arbres. La frugalité de ces aménagements présente une autre vertu : elle n’obère pas la possibilité de réaliser à plus long terme un transport en commun en site propre. Le montant de l’investissement se révèle lui aussi relativement frugal : 4,5 millions d’euros.

Un projet en gestation depuis... un demi-siècle !

Dans les cartons depuis un demi-siècle, le projet consiste à parachever le contournement routier de la ville sur 8,5 km depuis l’échangeur Florian, point de jonction entre la L2 et l’autoroute A50, jusqu’aux quartiers sud. Cette infrastructure aurait pu s’appeler "L2 sud". Mais elle est connue sous le nom de code « BUS », acronyme de "Boulevard Urbain Sud".

Le premier tronçon du BUS entre l’échangeur Florian et le boulevard Sainte-Marguerite (3,2 km) a été mis en service le 1er juillet 2020.

Les travaux de la deuxième section de 4,8 km entre le boulevard Sainte-Marguerite et la traverse Parangon devaient démarrer en 2020. Mais la nouvelle municipalité du Printemps Marseillais, sortie des urnes en juin 2020, en a décidé autrement.

Le tracé phase 1 du boulevard urbain vert. (Crédit : Métropole AMP)

Bras de fer judiciaire

Opposée à ce projet qu’elle estime marqué du sceau de l’automobilité du siècle dernier, la municipalité a bloqué la seconde phase du projet en refusant de céder les emprises foncières où la voie devait être aménagée. En 2021, la Ville de Marseille a lancé deux procédures contentieuses :

  • En juillet 2021, la Ville a résilié la convention de mise à disposition au profit de la Métropole, des 50 parcelles lui appartenant nécessaires à la réalisation du projet. Un revirement récemment contesté par la Métropole devant le tribunal administratif.
  • En septembre 2021, la Ville a déposé un recours au tribunal administratif visant à annuler l’arrêté préfectoral du 20 juillet 2021 prorogeant de cinq ans la DUP du BUS.

Dans un courrier à Martine Vassal en date du 5 juin 2023, le préfet a souligné l’importance du BUS, vis-à-vis des enjeux suivants :

  • La nécessité impérieuse d’améliorer les déplacements des habitants des secteurs traversés ou à desservir,
  • La préservation de la sécurité des personnes et de lutte contre l’incendie dans les quartiers sud de la ville et dans les calanques.

En attendant l’issue du bras de fer judiciaire, la Métropole compte démarrer au plus vite les travaux de reconfiguration du carrefour du Cabot au niveau du boulevard la Gaye, pour améliorer son fonctionnement dans l’attente de la poursuite du Boulevard Urbain Sud. « Bien que la Ville de Marseille ait délibéré le 29 juin 2022 pour approuver la cession au profit de la Métropole de deux parcelles cadastrées, dont elle est propriétaire et nécessaires à la réalisation de ces travaux, les protocoles fonciers n’ont pas été signés à ce jour, entravant de ce fait le processus opérationnel », précise la délibération votée le 12 octobre 2023 par les conseillers métropolitains.

Indispensable maîtrise foncière

La suite de l’opération, quel que soit le tronçon du BUS à réaliser, implique que la Métropole obtienne la maîtrise foncière des terrains d’assiette des aménagements. L’intercommunalité va donc relancer les procédures d’acquisitions foncières, avec le lancement des enquêtes parcellaires le long du tracé. « Les services métropolitains sont d’ores et déjà mobilisés pour engager un processus opérationnel au plus tôt, dès que la maîtrise foncière sera acquise sur une section fonctionnelle », indique la délibération.

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