La Fabrique Loubon : tel est le nom du pôle culturel intergénérationnel citoyen que la Ville de Marseille souhaite faire pousser sur une friche de la rue Loubon (3e), à la Belle de Mai. Le site (2 460 m2 d’emprise) qui jouxte le terrain vierge de la future école Joli Manon (conçue par l’agence Huit et demi et qui devrait lever le rideau fin 2024) est aujourd’hui occupé par un bâtiment industriel du XIXe siècle (3 586 m2 de surface de plancher) détaché d’une ancienne minoterie, utilisé comme entrepôt de tri du courrier par la Poste de 1995 jusqu’en 2015.
Cet écrin en forme de "L" inversé est en fait l’assemblage de deux bâtiments accolés R+2. Il dispose d'une façade de 18 mètres sur la rue Loubon. Sa structure est constituée d’une ossature en maçonnerie de moellons avec deux types de plancher : un plancher bois et un plancher à voûtains (poutrelle métallique et voutains en brique), surmontée d’une charpente en bois qui supporte la toiture circonflexe.
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Cette friche acquise par la Ville de Marseille devrait donc connaître un nouveau destin. Suite à une étude de pré-programmation, la municipalité a prévu l'émergence d'un nouvel équipement public culturel de type médiathèque incorporant des pratiques artistiques citoyennes de proximité ouvertes sur le quartier et sa population.
Un devis de 10 M€ HT pour la Fabrique Loubon
Le coût de cette régénération a été chiffré : il est estimé à 10 millions d’euros HT (valeur janvier 2023). Avant d’en connaître les contours,la Ville vient de lancer une consultation de maîtrise d’œuvreauprès de groupements pluridisciplinaires regroupant des architectes, des bureaux d’études techniques (BET) spécialisés (structure, génie climatique, génie électrique, acousticien, économiste, scénographe, éclairagiste, coordinateur SSI...), des paysagistes et des architectes d’intérieur. Les candidats ont jusqu’au 24 mars pour présenter leur offre.
Un quartier en manque d’équipements de proximité
Ce pôle culturel verra le jour au cœur d’un des quartiers les plus paupérisés du vieux continent. Un quartier dont la dynamique démographique (52 000 habitants en 2019 dont 38 % ont moins de 25 ans) est inversement proportionnelle à la dynamique économique. Le secteur accueille de nombreuses poches d’habitat dégradées inscrites dans le projet partenarial d’aménagement (PPA) piloté par l’Etat et les collectivités (Métropole Aix-Marseille Provence et Ville de Marseille).
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Paradoxalement, c'est à la fois un territoire bien doté en équipements structurants à l'échelle métropolitaine (friche de la Belle de Mai, pôle Médias, université, gare Saint-Charles...), mais pauvre en équipements de proximité, de surcroît souvent dégradés, « amenant chez ses habitants un sentiment de double exclusion : l’offre en équipements leur serait inadaptée tandis que leurs besoins ne seraient pas pris en compte », observe la Ville de Marseille. Une carence qui concerne au premier chef la culture, et particulièrement la lecture publique : « Sur ce plan, force est de constater l'absence d'équipements dédiés et les difficultés du réseau associatif à répondre aux nombreux besoins dans ce domaine », ajoute la note de présentation du projet établie par la municipalité.