Icade en pointe dans le recyclage urbain. Désormais maître du foncier et titulaire d’un permis purgé, la filiale immobilière de la Caisse des dépôts lancera début mars les travaux de déconstruction de l’ancien immeuble « Buropolis », dans les quartiers sud de Marseille. Après avoir procédé au désamiantage et au curage de cette ancienne barre de onze niveaux (16 000 m2 de bâti), l’opérateur la rayera du paysage d’ici le mois de juillet pour engager la construction d’un programme de 173 logements mixtes. A l’été 2025, cette friche tertiaire située le long du boulevard Romain Rolland (9e) cèdera la place au « Parc des Arts », une résidence de quatre bâtiments R+5 (11 977 m2 de SP) conçue par l’agence Architectes Singuliers (Paris).
« En 2018, lorsque nous avons entamé les discussions en vue du rachat de l’immeuble avec la Compagnie Vauban, nous envisagions de le restructurer pour y développer une résidence sénior », rembobine Aymeric de Alexandris, directeur régional délégué d’Icade. Un choix en phase avec la forme tramée de ce bâti dépourvu d’espace extérieur. « Mais très vite, nous nous sommes rendus compte que le système constructif avec structure métallique similaire aux écoles Pailleron rendait impossible un changement de destination de l’immeuble », ajoute le promoteur.
La Drac donne son feu vert
Après une pause de quelques mois, les négociations avec le propriétaire reprennent. Avec un nouveau grain de sable patrimonial : « Des architectes proposaient d’inscrire Buropolis sur la liste du patrimoine du XXe siècle », se souvient Aymeric de Alexandris. Mathilde Chaboche, l’adjointe à l’urbanisme nouvellement élue s’empare du dossier et demande à la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) de mettre en place une commission pour statuer sur le devenir du site. « Après étude minitieuse du projet, la commission s’est prononcée à une large majorité, 11 voix sur douze, en faveur de la démolition de l’immeuble », enchaîne le dirigeant.
Des artistes en résidence temporaire
Icade a désormais le champ libre. L’architecte Guillaume Dujon, de l’agence Architectes Singuliers se met sur sa planche à dessin et commence à esquisser les contours d’un ensemble moins massif que l’ancienne barre de bureaux. « Le temps de définir le programme et d’obtenir le permis, on a sollicité Yes We Camp pour une occupation temporaire des locaux qui étaient vacants depuis des années ». L’association marseillaise va animer le bâtiment durant plus de dix-huit mois (de fin 2020 à mi-2022) en y installant une centaine d’ateliers d’artistes, des salles d’exposition, une cafeteria, etc. Une fourmilière temporaire qui jouxte un institut de formation en soins infirmiers de la Croix-Rouge. « L’atmosphère était géniale. Ça a fait germer la volonté de pérenniser une vocation artistique sur le site », avance le dirigeant d’Icade.
Icade va réaliser 124 logements et 6 300 m2 de bureaux sur le site de l'ancien hôpital Desbief
Mixité
Au mois d’août 2022, l’obtention du permis de construire marque la fin du cheminement administratif du dossier. Le travail de concertation déployé en amont porte ses fruits : aucun recours contentieux n’est déposé. Une gageure dans le contexte marseillais très friand des passages par les prêtoires... Le programme est désormais arrêté : « On proposera une résidence intergénérationnelle de 53 logements locatifs sociaux qui sera gérée par CDC Habitat ». « Cette résidence nichée dans l’un des quatre plots de l’opération comprendra une conciergerie, des ateliers d’artistes, une micro-crèche, un espace d’exposition ainsi qu’une bibliothèque », déroule le promoteur.
Cent-vingt appartements vendus 5 000 euros/m2
Les trois autres bâtiments proposeront 120 appartements vendus à la découpe au prix moyen de 5 000 euros/mètre carré avec parking et TVA à 20% (du T2 au T5) avec des rez-de-chaussée actifs ouverts à tous. Trois mois après son lancement, « la commercialisation se passe bien puisque nous avons vendu 30 % des lots », affirme l’opérateur.
Enfin, le promoteur veillera à réduire l’empreinte environnementale de l’opération : lors de la démolition du bâtiment, une partie des matériaux sera orientée vers une filière de recyclage gérée par l’entreprise Raedificare. Ces matériaux seront réemployés pour la construction du programme. Et ils serviront également à d’autres opérateurs en quête de matières premières pour leurs projets.
Reste le calendrier : « On lancera les travaux de terrassement cet été en vue d’une livraison des logements au troisième trimestre 2025 », indique Aymeric de Alexandris.