A la veille d’un conseil d’administration, les dirigeantes de l’établissement public d’aménagement Euroméditerranée (EPAEM) avaient convié la presse, le 9 mars, à une déambulation dans les quartiers de la zone arrière-portuaire de Marseille. L’occasion pour la présidente de l’EPAEM, Laure-Agnès Caradec et Aurélie Cousi, la nouvelle directrice générale, de présenter la feuille de route et les grands projets de l’opération d’aménagement d’intérêt national (OIN). « 28 ans après sa mise en orbite, le travail partenarial orchestré par l’EPA est spectaculaire. La force conjuguée de l’Etat et des collectivités associées au sein de l’établissement public [Région Paca, Métropole Aix-Marseille Provence, conseil départemental des Bouches-du-Rhône et Ville de Marseille, NDLR] a permis d’engager une dynamique collective et des financements lourds au service de la recomposition urbaine des 480 hectares de la façade littorale nord et des quartiers portuaires », rembobine Laure-Agnès Caradec.
Marseille : Aurélie Cousi nommée directrice générale de l’EPA Euroméditerranée
Etat et collectivités main dans la main
« Euroméditerranée est une œuvre collective : l’établissement public est autant un outil de l’Etat que des collectivités », insiste Aurélie Cousi. Un instrument dont « la mission est la recherche du consensus », martèle la nouvelle directrice. Une affirmation qui tranche avec la vision un brin plus centralisatrice de son prédécesseur, l’ancien préfet Hugues Parant. Cet œcuménisme elle compte également le mettre en œuvre dans les relations avec le port, historiquement compliquées. « Je crois aux vertus de la douceur et de la persévérance », énonce cette polytechnicienne arrivée à Marseille fin décembre 2022. Des vertus dont elle a eu l’occasion de vérifier l’efficacité la veille lors d’une réunion sur la charte ville-port sous l’égide du préfet. « Derrière les grilles du port, il y a une ville », rappelle, fermement, Laure-Agnès Caradec qui salue le rôle du représentant de l’Etat, Christophe Mirmand, « attentif au respect des calendriers ».
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Une ville à échelle humaine
La nouvelle directrice se dit également « attentive à l’habitant et aux usages ». Une préoccupation héritage de son ancienne fonction au ministère de la Culture où elle était à la tête de la direction de l’Architecture. « Quand on fabrique de l’espace commun, il doit être à l’échelle de l’humain », énonce-t-elle.
En près de trois décennies, de grands équipements ont poussé : le Mucem, le Frac, le Silo, l’hôpital Européen, le fac similé de la grotte Cosquer... des transports collectifs en site propre, des bureaux, des structures de formation, des espaces publics apaisés, des logements... En 2023, l’œuvre de régénération urbaine doit se poursuivre avec la livraison des derniers ouvrages d’Euromed 1 : l’immeuble Adriana, l’Institut méditerranéen de la ville et des territoires à la porte d’Aix, le campus Omnes éducation près du Toyoko Inn, la Cité scolaire Jacques Chirac, Newdelec écrin tertiaire développé par 6e Sens sur l’ancien site d’Orange, près du boulevard Nédelec, et des premiers programmes des Fabriques (400 logements en première tranche).
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Chantiers en cours
L’extension septentrionale de l’OIN (170 hectares) est le décor des prochains grands chantiers : la requalification de l’axe Cap Pinède-Capitaine Gèze (devis : 100 M€), le campus numérique La Plateforme, le groupe scolaire des Fabriques, le siège régional de RTE, l’extension du tramway vers Gèze, la poursuite des Fabriques et le lancement de Glam, projet de reconversion immobilière d’une friche d’Engie (3,5 hectares) par Eiffage...

Un paysagiste pour le parc des Aygalades
Les mois qui s’ouvrent seront aussi l’occasion pour l’EPAEM d’engager les études de conception du projet de grand parc des Aygalades. Cette grande coulée verte (19 hectares) qui irriguera les 170 hectares de l’extension de l’OIN a longtemps attendu l’issue des négociations entre la SNCF, le Grand port maritime de Marseille (GPMM) et la Ville sur la relocalisation du chantier ferroviaire du Canet sur le faisceau de Mourepiane. Le sésame désormais obtenu*, la SNCF libèrera le site en 2024. « Le ruisseau sera remis au jour pour être renaturé », explique Laure-Agnès Caradec. En cas d’épisodes orageux intenses, il servira de vase d’expansion pour les crues. Le reste du temps, « le parc sera un îlot de fraicheur permettant de répondre au défi du réchauffement climatique », poursuit l’élue.
En 2023, l’EPAEM lancera les consultations pour sélectionner le paysagiste qui dessinera cet écrin de verdure. Quatre ans de travaux sont prévus à partir de 2027 pour faire pousser la végétation sur les rails de l’actuelle gare de fret. Une opération dont le devis est estimé à 128 millions d’euros.
* Début 2022, SNCF Immobilier et l’EPAEM ont signé le protocole d’accord actant la cession de l’emprise occupée par l’infrastructure ferroviaire.