AccueilEconomieLes professionnels du logement de la région tirent la sonnette d'alarme

Les professionnels du logement de la région tirent la sonnette d'alarme

La FNAIM et la Délégation régionale Pôle Habitat FFB Paca partent main dans la main mobiliser les élus régionaux et l’opinion contre ce qu’ils considèrent comme une catastrophe sociale annoncée sur la pénurie de logements.
Jonathan Le Corronc-Clady, président de la FNAIM du Vaucluse, Frédéric Saintagne, président du Pôle Habitat de la FFB Vaucluse et Daniel Léonard, président de la FBTP84.
(Crédit : Emmanuel Brugvin) - Jonathan Le Corronc-Clady, président de la FNAIM du Vaucluse, Frédéric Saintagne, président du Pôle Habitat de la FFB Vaucluse et Daniel Léonard, président de la FBTP84.

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« Aurons-nous un mouvement des gilets jaunes des mal-logés dans nos rues prochainement ? », demande Jonathan Le Corronc-Clady, président de la FNAIM du Vaucluse dans une opération commune organisée avec les représentants de la Fédération du BTP 84. « A Force de ne pas être entendus au niveau national par le gouvernement depuis des mois, nous allons multiplier les opérations à l’attention des élus et des représentants de la presse au niveau local », reprend Frédéric Saintagne, président du Pôle Habitat de la FFB Vaucluse.

Face à une chute de l’activité annoncée, les professionnels du logement commencent leur tour régional par le Vaucluse. En attendant d’organiser d’autres opérations dans les autres départements de la région, les représentants du bâtiment et des transactions immobilières présentaient au matin du vendredi 29 septembre l’ensemble de leurs préoccupations devant les élus. Députés, sénateurs, président des maires, mais aussi représentants des services de l’État ont bénéficier, chiffre à l’appui, d’un argumentaire de ce qui pourrait être un désastre annoncé.

Crise immobilière ?

La FNAIM, premier syndicat de la branche immobilier avec 50,37 % des 30 000 agences nationales y adhérant, souligne un ralentissement du marché. Au national, la vente de logements anciens chute de 12,2 % sur douze mois glissants en juin pour atteindre 900 000 unités avec une baisse légère baisse (2 %) du prix transactions depuis février dans un contexte inflationniste (4,8 % en août). Au niveau régional la baisse atteint 10,9 % à 103 000 transactions.

Primo-accédants sacrifiés

« Le marché devient favorable aux acquéreurs », souligne Jonathan Le Corronc-Clady. La hausse des taux, la limitation du prêt à taux zéro et l’accroissement des normes réduisent la marge de manœuvre des acheteurs condamnés à se reporter sur la location. Sur 6 mois, au niveau régional, les prix des transactions restent en croissance de 2% à 6% sur le Var et les Alpes-Maritimes. Leur baisse s’établit entre 0,5% à 2% dans les Bouches-du-Rhône, le Vaucluse et les Hautes Alpes. Le repli atteint les 2% sur les Alpes-de-Haute-Provence.

Jonathan Le Corronc-Clady corrèle ces chiffres avec la hausse du taux des crédits, chiffres de la Banque de France. « D’après l’Observatoire du Crédit-Logement/CSA, les taux seraient passés de de 1,1 % en février 2022 à 3,80% en août 2023, s’insurge le président vauclusien de la FNAIM. Nous préconisons qu’un ménage qui change de bien puisse conserver les conditions de taux d’intérêt plus favorables acquises lors de son crédit précédent, pour assurer la fluidité du marché. Or, la production de crédit est au plus bas depuis 2014 ».

Chute des logements neufs


Frédéric Saintagne souligne qu’au niveau régional, les ventes de logements neufs des promoteurs chutent de 41,3 %, celle aux particuliers de 31,6 %, de 50 % sur deux ans, et des mises en chantier respectivement de -9,3% et -20,3%. Le président du Pôle Habitat 84 s’insurge contre « les hausses des taux d’intérêt et des coûts de construction causés par la crise des matériaux et la RE 2020 depuis début 2022 qui ont massivement désolvabilisé les ménages. Les annonces du Conseil national de la refondation logement sont à rebours des espérances de la filière. Les restrictions envisagées sur le PTZ neuf sacrifient la maison neuve, notamment dans les territoires hors métropoles et grandes villes. Cette situation prive les classes moyennes, les jeunes et les ménages modestes de la perspective d’accéder à la propriété et de se constituer un patrimoine à léguer à ses enfants ».

Jonathan Le Corronc-Clady estime que sa filière pourrait terminer avec une baisse de chiffre d’affaires de 24 % cette année, 20 % dus à la baisse du volume de transaction et 4 % dus à la baisse des prix. Le nombre de défaillances d’agences immobilières a doublé en un an, soit 657 au niveau national et pourrait atteindre le millier de dépôts de bilan en 2024. Aujourd’hui, la moitié des agences FNAIM disposent de moins de 10 biens à proposer, 10 % aucun.

Contraintes réglementaires

Pour Jonathan Le Corronc-Clady, « le marché locatif limité par le droit à louer, la cherté de l’argent et les contraintes de rénovations énergétiques, ne peut absorber la demande. Tout en continuant à plaider pour un aménagement du calendrier de la Loi Climat, nous proposons de suspendre les contraintes énergétiques notamment pour les copropriétés pour leur donner le temps de s’organiser autour de plans pluriannuels de travaux de rénovations. Nous plaidons pour assouplir les règles de majorité et permettre l’éligibilité des prêts aux copropriété aux taux des crédits consommation. Nous demandons la réintroduction de la déduction fiscale des intérêts d’emprunt pour l’achat d’une résidence principale. Nous luttons contre la fin programmée du Pinel, du Zonage, du PTZ et le déploiement de la Loi ZAN ».

Discrimination territoriale

Frédéric Saintagne milite pour rétablir un PTZ pour le neuf à 40 % sans discrimination territoriale ni forme d’habitat, pour une stabilisation des taux bancaires et l’assouplissement des contraintes du Haut conseil de stabilité financière (HCSF). Il préconise une politique foncière claire et cohérente qui ne se cache pas derrière la loi ZAN. « Soyons plus girondins que jacobins. La loi ZAN doit être territorialisée. Donnons aux maires les moyens de s’attaquer aux dents creuses et aux logements inhabités des villages-rue de notre région en recréant un habitat et un cadre de vie attractif. Instaurons une pose dans la mise en place des normes, la RE2020, la REP, le ZAN, les ZFE, la loi Climat et Résilience. Maintenons la TVA à 10 % sur la rénovation. Simplifions l’accès au paiement de MaPrimeRénov. Renforçons l’action de l’Observatoire des matériaux auprès des industriels. Exonérons des droits de donations pour 3 ans pour acquisition ou construction d’un logement neuf. Instaurons MaPrimeAdapt’. La loi de finances de 2024 sera celle de la relance espérée ou celle de tous les dangers ». En attendant, les actions de la profession ne devraient que s’intensifier.

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