Quoi de plus caractéristiques que les façades colorées des villages traditionnels provençaux ? Dans l’imaginaire collectif, la maison provençale rime avec tuile canal, pierre, mais aussi enduit coloré, avec des teintes allant du jaune à l’orangé jusqu’au rouge. Ces teintes si familières proviennent de l’emploi des ocres qui ont donné leur aspect si caractéristique aux villages de Provence.
L’ocre est une roche ferrique composée d’argile blanche (la kaolinite) et d’oxyde (hématite) ou d’hydroxyde (goethite) de fer. Dans la nature, elle est amalgamée à du sable qui constitue environ 90 % du minerai ocreux. Pour récupérer l’ocre pure, le minerai ocreux est donc soumis à différentes étapes : extraction, lavage, décantation. Une fois "propre", elle sera ensuite broyée et éventuellement calcinée (et/ou mélangée avec d’autres teintes) pour obtenir des couleurs allant du jaune clair au rouge brun.
La dernière entreprise d’Europe à transformer les ocres dans le Luberon
Les ocres ont été utilisées depuis des millénaires par les êtres humains pour leur pouvoir colorant, notamment pour les peintures rupestres. Ce pigment naturel est aujourd’hui encore utilisé dans de nombreux domaines : bâtiment (enduits, badigeons, plâtres colorés, ciment…) ainsi que dans les peintures industrielles et artistiques, l’industrie de la céramique, de la terre cuite, le cosmétique, etc.
La production d’ocre en France a atteint un pic à l’aube de la Deuxième Guerre mondiale avec 40 000 tonnes produites. Celle-ci a ensuite drastiquement chuté face à la concurrence des pigments synthétiques. Aujourd’hui, la Société des ocres de France, basée dans le Luberon (Vaucluse), produit encore 800 tonnes par an. C’est la dernière entreprise d’Europe à transformer les ocres de sa carrière.
Ludivine Roubaud-Rey, responsable marketing de la Société des ocres de France
TPBM : Pourquoi utiliser les ocres dans la construction ?
L’ocre est un pigment naturel qui est composé d’argile blanche, la kaolinite, et d’hydroxyde oxyde de fer. Elle est inaltérable aux rayons UV et ne bouge pas dans le temps, contrairement aux pigments synthétiques. C’est un produit écologique, qui ne subit qu’un processus de lavage, décantation, séchage broyage et cuisson, et économique.
L’ocre peut colorer n’importe quel liant comme la peinture, la chaux, le ciment ou le plâtre, et se décline du jaune très clair au rouge brun. Cette ressource locale mérite d’être valorisée car c’est un matériau noble qui a beaucoup de qualités.
Où trouve-t-on les ocres ?
Le Luberon est le plus grand gisement d’ocres au niveau mondial. Notre carrière [à Gargas dans le Vaucluse, NDLR], reprise par mon arrière-grand-père en 1974, est la dernière en exploitation. Nous avons l’autorisation de prélever 800 tonnes par an. Nous creusons en profondeur et réaménageons notre carrière régulièrement.
L’eau provient d’une ancienne mine à proximité, nous l’utilisons en circuit fermé pour éviter de la gaspiller. A haute pression, elle permet de séparer l’ocre du sable. Le séchage dure plusieurs semaines, après décantation et avant le broyage dans notre usine. Par cuisson, nous obtenons de l’ocre rouge.
Aujourd’hui, 70 % de notre production part à l’international, l’ocre étant la reine des pigments naturels.
Propos recueillis par Isabelle Cambos
Pour aller plus loin :
https://www.ocres-de-france.com/fr/
Bâtiment Durables Méditerranéens
32 rue de Crimée, Le Phocéen, bâtiment C, Marseille 13003
www.envirobatbdm.eu
contact@envirobatbdm.eu ou 04.95.04.30.44