Le projet avorté de complexe cinématographique sur la friche industrielle de l’atelier mécanique des ex-chantiers navals - 1,5 hectare et 8 000 m2 de bâti au sol - avec levée de tous les recours et autres enquêtes, conjointement à la liquidation des CNIM (Constructions navales et industrielles de Méditerranée) prononcée mi-novembre, ont ouvert la voie à une Opération d’intérêt régional (OIR) sous l’intitulé "Cité Bleue".
La Seyne-sur-Mer : Nathalie Bicais reprend la main sur les ateliers mécaniques
La Ville de La Seyne-sur-Mer est, selon la maire Nathalie Bicais, attentive aux attendus du tribunal de commerce de Paris sur les conditions de cette liquidation afin d’user de son droit de préemption foncière pour tenter d’acquérir sur le trottoir d’en face de l’atelier le site des escaliers mécaniques, autre friche de 4 hectares et 17 500 m2 de bâti au sol. De quoi alimenter nombre d’envies et de réflexions à l’échelle des 10 hectares en bord de mer du quartier des Mouissèques, en bord de rade de Toulon, avec vue imprenable sur le projet "De Mayol à Pipady" côté Toulon.

Les deux perspectives se faisant inévitablement écho, éco aussi, avec une exigence de concertation évidente au nom du territoire commun. Une convention tripartite sous la forme d’un Contrat d’intérêt foncier (CIF) lie justement la Ville de La Seyne et la Métropole Toulon Provence Méditerranée (TPM), mais aussi l’Etablissement public foncier régional (EPF Paca) à dessein de sécuriser la gestion des parcelles de terrain.
Benchmarker son territoire
Le positionnement en OIR du concept a permis dans ce contexte la mobilisation de l’ingénierie "territoires d’industrie" rassemblant la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur, la Banque des territoires, TPM ainsi que l’agence d’attractivité et de développement économique risingSud. Cette dernière, bras armé de la Région sur les filières d’excellence, a rendu dernièrement ses préconisations en dégageant deux hypothèses complémentaires : un scénario partagé de rayonnement culturel, événementiel et touristique, couplé d’une part avec le yachting professionnel, la maintenance et la réparation navale, sachant que La Seyne et sa voisine Saint-Mandrier sont des places fortes de grande plaisance ; ou d’autre part avec l’industrie culturelle et créative.
« Nous n’allons pas nous priver d’une chose pour l’autre et nous efforcer de définir une mixité d’activités collant aux filières de la région et de la métropole. Ce qui nous fera rayonner doit s’inscrire dans l’ère du temps », soutient, pragmatique, Nathalie Bicais, précisant « la politique est l’art du possible et dans ces possibles nous évaluerons tous les champs ». S’appuyant sur le travail de benchmarking de risingSud, affirmant sa volonté d’insérer le futur quartier dans son propre schéma global de mise en valeur du littoral seynois, considérant les données urbaines et historiques des lieux, la maire priorise la qualité paysagère, environnementale et d’usage dans ses projections.

En fil conducteur, la création de richesses, d’emplois, d’attractivité. Il s’agit de travailler pour l’heure à la définition d’un cahier des charges permettant de définir les attentes tout en éliminant ce qui semble rédhibitoire, comme de l’industrie lourde par exemple, sans être trop restrictif, sachant que la ville n’a la maîtrise que du foncier des ateliers à ce jour et espère pouvoir passer dès ce printemps au montage global par les escaliers…
Construire le chemin
Prochaine étage en septembre avec le lancement d’un AMI, Appel à manifestation d’intérêt, et la conduite d’un dialogue compétitif avec les candidats dans le cadre d’une large ouverture. Le projet a besoin de locomotives et de propositions de grands groupes privés pour le porter en partenariat avec la puissance publique qui mobilisera tous les soutiens envisageables, notamment s’agissant de fonds friches avec la Région, l’Etat, l’Europe, sans oublier le volet essentiel de redimensionnement des flux routiers et des réseaux. « Le plus difficile est de construire le chemin de cette ambition structurante », explique encore Nathalie Bicais, bien décidée à intégrer les habitants dans la démarche pour une meilleure appropriation.
Histoire de situer la Cité Bleue dans le temps long, à savoir potentiellement trois ans avant un lancement de travaux*, et dans l’espace, à proximité des 400 mètres linéaires de quai disposant d’un profond tirant d’eau, idéal pour les grosses unités de croisières et de grande plaisance, mais aussi de la corniche Tamaris en gestation de rénovation, non loin de Brégaillon, premier port scientifique d’Europe, du centre-ville, des forts militaires, de la baie du Lazaret, du village des Sablettes… Une "perle" qui ne demande qu’à être mise en culture pour rejoindre le collier éponyme que la maire et son équipe déploient sur les 27 km du littoral seynois.
* En préalable des travaux, la dépollution des sols, hors désamiantage, est estimée à 1,6 million d’euros pour l’atelier et 1,9 million pour les escaliers.