C’est la lutte des glaces. Pour manifester contre les travaux d’extension du téléphérique de la Meije, ce samedi 7 octobre, des militants écologistes emmenés par Les Soulèvements de la Terre, Mountain Wilderness et d’autres associations comme le collectif La Grave autrement, ont installé une ZAD à 3 200 mètres, à quelques centaines de mètres des limites du Parc national des Ecrins. Ils entendent « bloquer les travaux en cours et de soustraire le glacier à un projet d'aménagement délétère » communiquent-ils sur leurs réseaux sociaux.« Les occupant·es du glacier vont s'assurer que les travaux préliminaires au 3e tronçon ne recommencent pas lundi matin et qu'ils seront bien mis à l'arrêt pour l'automne »dénonce le collectif dans lequel on trouve également la Société alpine de protection de la Nature-France nature environnement (FNE) 05, FNE AURA.
Une manifestation sur un glacier à 3 200 mètres d’altitude
Ces militants écologistes sont motivés. Ils organisent la plus haute manifestation de France, entre 3 000 et 3 500 mètres d’altitude, sur le glacier de La Girose, dans les Hautes-Alpes. Pour rejoindre ce glacier et le dernier tronçon du téléphérique de la Meije, situé sous le Pic de la Grave et le Rateau, ils ont remonté un sentier sur plus de 2.000 mètres de dénivelé afin d’installer un campement.
Dimanche 8 Octobre - 2ème jour d'occupation du chantier du 3ème tronçon du téléphérique sur le glacier de la Girose par les Soulèvements de la terre et marche organisée par #LaGraveAutrement et @MWFrance rejointe par @lessoulevements. pic.twitter.com/c3ONWyPItF
— Les Soulèvements de la Terre (@lessoulevements) October 8, 2023
Équipés comme des alpinistes, encordés, ils se sont aventurés sur le glacier pour mener une action symbolique. Une manifestation s’était déjà tenue fin septembre pour dénoncer l’installation des cabanes de chantier.
« Ce nouveau squat des militants extrémistes des Soulèvements de le Terre est un vrai scandale. Comment peut on se sentir fier quand on a honte au point de masquer son visage. De tout cœur avec les habitants et professionnels de la La Grave » a réagir sur son compte Linked'In Alexandre Maulin, président de Domaines skiables de France, qui tenait son congrès la semaine dernière à Toulon.
Le TA de Marseille a rejeté le référé-liberté des écologistes
Cette manifestation est organisée à la suite de la décision du tribunal administratif de Marseille, qui a rejeté ce 6 octobre le référé-liberté des opposants au troisième tronçon du téléphérique de la Grave. Ces derniers craignent que les travaux d’extension du téléphérique n’endommagent l’Androsace du Dauphiné, une plante de haute montagne. Plus symboliquement, ces associations s’opposent à l’extension du téléphérique dans cette zone de haute montagne, située en limite du Parc Nationale des Ecrins.
« Le glacier de la Girose, c'est le dernier aménagement skiable encore en projet. Il est très urgent aujourd'hui de repenser différemment la manière dont on fait du tourisme. Transporter les gens toujours et plus haut toujours plus vite, ce n'est plus viable » dénonceNiels Martin, représentant du collectif La Grave Autrement.
L’extension du téléphérique de la Meije et sa polémique
Fredi Meignan, président de Mountain Wilderness, qui connaît bien le secteur pour avoir été le gardien du refuge du Promontoire, situé de l’autre côté de la Meije, avance que « l'opinion public est en train de basculer en faveur de la protection des glaciers ». Ces travaux d’extension du téléphérique de la Grave suscitent la polémique dans la vallée et au-delà. Le projet consiste à prolonger le téléphérique de la Meije jusqu'aux environs du Dôme de la Lauze, à 3 559 m.
Il est porté par Sata Group, l'opérateur historique de l'Alpe d'Huez, qui exploite le téléphérique depuis 2017. Mais il est décrié, en particulier par une partie du milieu de l'alpinisme, les associations environnementales ou encore l'ancienne ministre de l'Écologie, Delphine Batho.
Avis favorable au téléphérique de la Meije
En février 2023, les militants écologistes ont perdu une manche. Le projet de prolonger le téléphérique de la Meije avait reçu l'avis favorable du commissaire-enquêteur. Ce dernier écrivait que ce projet de téléphérique permet de « s'orienter dans la modernité en préservant l'écologie ».Le commissaire enquête rappelle que l’on skie déjà sur ce secteur. La création de ce téléphérique permettrait de supprimer l'actuel téléski de la Girose, qui fonctionne au gasoil et permet aux skieurs d'arriver à 3 550 mètres d'altitude depuis 1978.
La Grave est la Mecque mondiale des « freeriders ». Mais la fréquentation du téléphérique s’est érodée, passant de 85 000 personnes par an dans les années 1990 à 65.000 en moyenne dans les années avant-Covid. Elle atteint désormais 27 000 passagers par an. Il s'agit donc pour la Sata de pérenniser la possibilité de skier sur le glacier une dizaine de week-ends par an, ce qui assurait l'équilibre économique du téléphérique.
Protéger les glaciers
Sur les 120 manifestants montés ce week-end sur le glacier de La Girose, plusieurs dizaines sont restés sur place installer un campement. Une ZAD en haute montagne, dans des conditions difficiles. Pour l’instant, le beau temps est avec les militants écologistes et leur permet de poursuivre leur mobilisation. Ils attendent ce lundi le retour des ouvriers. La protection de la montagne est exacerbée dans la vallée de la Grave. Si sur cette mobilisation écologiste, les militants dénoncent un chantier, dans une zone de haute montagne, il y a quelques jours, ces derniers ont organisé une marche commémorative pour organiser des « obsèques » au glacier de Sarenne, dans l’Oisans, victime du réchauffement climatique.