Dans les Hautes-Alpes, le projet de prolonger le téléphérique de la Meije jusqu'aux environs du Dôme de la Lauze (3 559 m) vient de bénéficier de l'avis favorable du commissaire-enquêteur, au terme de l'enquête publique. Ce projet, porté par Sata Group (l'opérateur historique de l'Alpe d'Huez, qui exploite le téléphérique depuis 2017), est décrié, en particulier par une partie du milieu de l'alpinisme, les associations environnementales ou encore l'ancienne ministre de l'Écologie, Delphine Batho.
Il figure dans la nouvelle délégation de service public du téléphérique, attribuée en 2017 à la Sata. Il consiste à créer un nouveau tronçon de téléphérique entre le col des Ruillans (3 221 mètres) et le Dôme de la Lauze. Cette remontée d'une longueur de 1 850 mètres ne comportera qu'un pylône placé à mi-chemin, sur un éperon rocheux émergeant du glacier. La gare existante à 3 200 mètres sera complètement rénovée, en intégrant le restaurant d'altitude (aujourd'hui installé dans un bâtiment distinct). Un espace d'exposition (glaciorium) est également prévu.
Une nouvelle gare à 3 530 mètres d'altitude
Une nouvelle gare sera construite à 3 530 mètres. La création de ce téléphérique permettra de supprimer l'actuel téléski de la Girose, qui fonctionne au gasoil et permet aux skieurs d'arriver à 3 550 mètres d'altitude depuis 1978. Pour la Sata, ne pas tout axer sur le ski l'hiver est le meilleur moyen de conserver le côté unique du ski sauvage qui fait le succès de La Grave, auprès d'un segment mondial des "freeriders", mais qui ne peut plus suffire à l'équilibre de l'activité. La fréquentation du téléphérique s’est en effet érodée de 85 000 personnes par an dans les années 1990 à 65.000 en moyenne dans les années avant-Covid. Elle atteint désormais 27 000 passagers par an. Il s'agit donc pour la Sata de pérenniser la possibilité de skier sur le glacier une dizaine de week-ends par an, ce qui assure l'équilibre économique du téléphérique.
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Des avis plus favorables localement qu'à l'extérieur
Il ressort de l'enquête publique que les 529 avis recueillis sont partagés : 272 défavorables, deux réservés ou neutres et 255 favorables. Mais le commissaire-enquêteur souligne que, localement, 181 avis se révèlent favorables contre 44 qui ne le sont pas. Porte-flambeau des opposants, Mountain Wilderness dénonce un projet « lourd, cher et impactant ». L'association met à la fois en doute les retombées attendues du projet, tout en soulignant que 4 M€ de fonds publics sont prévus pour cet investissement de 12 M€, et s'inquiète de la présence d'une fleur protégée, l'androsace du Dauphiné. Certains opposants avancent par ailleurs que la création de ce 3e tronçon pourrait permettre à l'avenir une liaison avec la station des Deux Alpes.
Dans son rapport, le commissaire-enquêteur répond qu'il ne « s'agit pas là de coloniser un espace naturel nouveau, de construire un téléphérique là où il n'y a rien (…). On skie déjà sur l'espace concerné par le projet de 3e tronçon. En sortie du téléphérique à 3 200 mètres, on trouve en effet un vieux téléski, qui tient par de multiples enrochements et ancrages en pleine falaise, qui tourne au fioul (6 000 litres/an) »... Selon le commissaire enquêteur, « la construction du ce téléphérique permettra au glacier de retrouver son milieu naturel. Il va permettre de fiabiliser l'exploitation de ce secteur, car il sera indépendant de la fonte du glacier, il permettra de survoler l'ensemble du glacier, en pouvant fonctionner toute saison ».
Liaison La Grave les Deux Alpes ?
Quant à imaginer une « liaison mécanisée » entre La Grave et les Deux Alpes, elle « n'est pas à l'ordre du jour » et elle est même « totalement écartée par les deux communes limitrophes », qui sont en train de rendre le secteur inconstructible. « Sur le plan économique, le concessionnaire Sata Group est actuellement le deuxième opérateur de remontées mécaniques en France après la Compagnie des Alpes », rappelle le commissaire-enquêteur. « Il a les moyens de se payer des analyses pour savoir si le projet est rentable ou pas ».
Modernité et écologie
Au final, le commissaire-enquêteur tranche nettement en faveur du projet, en considérant qu'il « permet la sauvegarde et la protection du glacier de la Girose » d'une part et qu'il « permet au domaine de La Grave-La Meije de s'orienter dans la modernité en préservant l'écologie » d'autre part.
Il assortit cependant son avis d'une recommandation au sujet de la fameuse androsace du Dauphiné, dont la présence sur le site concerné est contestée. Il demande qu'un écologue et les services de l'Etat la localisent précisément sur l'éperon rocheux qui doit accueillir le pylône intermédiaire. « Si cette plante est impactée par l'emprise de l'unique pylône du projet, toutes les mesures devront être prises pour sa mise en défens. »
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Ce rapport favorable est évidemment une source de satisfaction pour la Sata et la commune de La Grave. Le parcours administratif du projet n'est cependant pas achevé, comme le rappelle le collectif "La Grave autrement", opposé à ce 3e tronçon.
