Une affluence record ! Pas moins de 1 584 personnes sont venues assister, le 6 octobre à la Halle à bois, à la présentation du programme d’Alexandre Doriol (LR), nouveau maire de La Ciotat, élu le 24 juin 2023. « Nous avons dû organiser une solution de repli car ni le théâtre de la Chaudronnerie, ni même la salle Paul Eluard, ne pouvait accueillir le public », a révélé le premier magistrat de la Ville. « C’est une grande fierté d’être présent dans ces lieux. C’est une très belle marque de reconnaissance », a-t-il confié derrière son pupitre.
Dans ce show à l’américaine savamment orchestré, sans grand écran mais avec un son et lumière aux couleurs de la ville, Alexandre Doriol n’a pas manqué d’être ovationné.
« C’est la première fois que je m’exprime pour donner ma feuille de route. Je souhaite aujourd’hui affirmer mes ambitions, ma vision pour cette ville dont je suis tombé amoureux, ma politique générale, mon véritable projet », a-t-il évoqué, avec enthousiasme et ferveur.
Son défi est de s’inscrire dans la continuité de ses prédécesseurs, tout en fixant un nouveau cap. « Je dois tout aux Ciotadens, pas aux électeurs. Je suis conscient de partir avec un déficit d’image. Peu de gens me connaissent », a-t-il avoué.
C’est la raison pour laquelle il a souhaité se présenter. « J’ai une quarantaine d’années, une mère d’origine arménienne, un père de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), je suis divorcé et j’ai un fils de 12 ans qui m’accompagne souvent. J’ai une vie active très bien remplie », a résumé le nouveau maire, qui se présente comme quelqu’un de simple, abordable et surtout passionné par la politique depuis de nombreuses années. « Je me lève, je vis et je m’endors politique. » Il en révèle les causes : « Je travaillais dans un cabinet dans le Var*. Une rencontre a tout changé. Dès 2004, j’ai accompagné Patrick Boré** sur sa liste et je suis tombé dans la marmite. »
Trois priorités distinctes
Alexandre Doriol se dit animé d’un profond respect pour l’intérêt général. « Je veux que cette ville, qui a montré tant de fois par le passé qu’elle était avant-gardiste, continue sur sa lancée. » Après un exposé sur son inquiétude face à l’avenir dans un monde en perpétuel changement, il a mis en avant deux personnalités qui apparaissent comme deux exemples à ses yeux, Renaud Muselier, président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, et Martine Vassal, présidente de la Métropole Aix-Marseille Provence et du Département de Bouches-du-Rhône.
Aujourd’hui, un constat est indéniable selon lui : « La Ciotat retrouve son dynamisme et sa prospérité. » Aussi, il s’inscrit dans la continuité d’Arlette Salvo, qui est devenue première adjointe***, et de Patrick Boré, décédé prématurément. « Je me dois d’être à la hauteur des enjeux, novateur et à l’écoute de mes concitoyens. »
Le sens des responsabilités de l’élu est, pour lui, de se poser les bonnes questions.
« Le rôle du maire est à double niveau : deux pieds sur le terrain et le cerveau connecté pour tracer le cap à 20 ou 30 ans », a-t-il souligné.
Avant de rajouter : « La Ciotat a une âme rebelle. Elle a forgé sa renommée au-delà de ses propres frontières. Je prends la tête d’une communauté de destin au sang chaud. »
Si La Ciotat est fortement dotée en équipements, il entend apporter un plus dans ce mandat : « J’ai besoin que les Ciotadens puissent mieux vivre au quotidien dans leur commune. » Aussi, ses priorités sont proximité, sécurité et concertation. « Ce sont mes trois piliers, mes actes fondateurs sur lesquels je souhaite m’appuyer. C’est ce que j’ai désiré apporter en guise d’apéritif. »
La sécurité, un enjeu majeur
En termes de sécurité, le nouveau maire a rappelé l’évolution des effectifs de la police municipale, passés de neuf agents en 2001 à 50 en 2023 afin de pallier les carences de l’Etat. Il a présenté la mise en place d’un nouveau centre supervision urbain, situé en bas de l’hôtel de ville, dans les locaux de l’ancien Crédit agricole. « Ce sera une véritable tour de contrôle high-tech avec d’ores et déjà 180 caméras, puis peu après 250 », annonce la maire, très attaché par ailleurs à la lutte contre les violences conjugales. Il a aussi évoqué la création d’un poste de police à Saint-Jean, dans l’ancien restaurant Le Picasso. Ce lieu permettra une meilleure réactivité pour les forces de l’ordre et sera un point de proximité pour les riverains.
Alexandre Doriol l’a d’emblée annoncé : « Si La Ciotat est attractive aujourd’hui, c’est grâce à son Plan local d’urbanisme (PLU)qui a su mettre en œuvre un vrai schéma d’aménagement en préservant nos zones naturelles », tout en affirmant que la ville ne croule pas sous le béton.
« Le PLU a été voté en 2006, et je suis solidaire de ce qui a été fait. Le sentiment de béton exacerbé vient de la loi SRU [Solidarité et renouvellement urbains, NDLR] obligeant à concentrer l’habitat. Cela crée un sentiment d’étouffement. Aussi, le sujet fait l’objet de tous les fantasmes », regrette-t-il.
Et il rappelle : « 50 % du territoire est classé en zone naturelle avec, entre autres, le Parc national des Calanques, la baie - la plus belle du monde -, les parcs et les espaces verts. »
Deux ombrières
A présent, l’édile désire qu’il y ait davantage de verdure. « Les projets des ombrières et des arbres sur le Port-Vieux avancent doucement mais sûrement. L’architecte des Bâtiments de France n’y était pas favorable, mais il se pourrait que j’aie commencé à semer quelques graines pour que les arbres réapparaissent sur le Port-Vieux incessamment sous peu. C’est beaucoup trop minéral. Nous avons besoin d’îlots de fraîcheur. » Ainsi, deux ombrières verront aussi le jour, l’une de 500 m2 à hauteur du musée, qui sera une espace de détente avec vue sur mer, et l’autre au niveau de l’embarcadère pour l’île Verte.
Par contre, le PLU, qui réduit de façon drastique le taux de constructibilité, est selon lui en partie responsable de la hausse actuelle du prix de l’immobilier.
« On a fait des espaces verts dans les programmes collectifs et on a privilégié le pavillonnaire. C’est ce qui a induit un envol des prix. On va désormais s’orienter sur des programmes neufs avec Bail réel solidaire (BRS) afin de permettre à des jeunes d’acheter à des prix défiant toute concurrence. »
Le maire a ensuite souligné avec satisfecit : « La Ciotat est un bon élève avec un taux de 23 % de logements sociaux, et de facto nous n’avons pas d'amende. »
Réaménagement des plages
En matière de mobilité, Alexandre Doriol l’a clairement affirmé : « Ce n’est pas le niveau de construction qui est fautif mais le nombre de voitures. » Aussi, sa principale mesure est la construction d’un pôle de mobilité, véritable nœud névralgique du réseau de transport en commun, sur l’avenue du Capitaine-Deruy. En matière de gratuité, il ne s’est pas encore prononcé. « Je n’y ai pas encore réfléchi. Quand le sujet sera abordé à la Métropole, on verra. »
Parmi les divers sujets en proie à des procédures administratives longues, parfois de six ans, figurent, entre autres, le réaménagement des plages pour 20 M€, la bastide Marin, la bastide du Mugel et l’îlot Renan. Pour les deux bastides recevant du public, la Ville nourrit de fortes ambitions. « Un jardin agricole pédagogique sera mis en place sur la bastide Marin », a précisé le maire.
Alexandre Doriol a par ailleurs multiplié les annonces sur différents projets, comme les travaux à l’école Louis Marin, l’hôtel quatre étoiles qui devrait sortir de terre après huit ans de procédure, une salle de café-théâtre et une salle de répétition de musique pour les jeunes en lieu et place du cinéma Lumière, ou la Rotonde qui devrait devenir un lieu d’apprentissage des pratiques du cinéma.
La rénovation de la villa Michel Simon sera effectuée. Elle deviendra la première maison du Parc national des Calanques, ce qui apportera une plus-value en termes d’image. Enfin, le parvis de l’hôtel de ville sera réaménagé et un jardin paysager bucolique sera réalisé pour les mariages.
Un monde en mutation
En matière d’environnement, une extension du parc du Domaine de la Tour sera réalisée avec un espace dédié aux chiens. Il y aura aussi une plage canine installée au rond-point Wilson, ainsi qu’une Maison de l’animal. « La ville est désormais plus respectueuse de l’animal », a-t-il scandé.
Sur le plan économique, Alexandre Doriol a déclaré avec fermeté : « Les chantiers ont fermé une fois, plus jamais cela ! » Spécialisé à présent dans la réparation de yachts, le site naval représente désormais un vrai poumon.
« Si les bons de commande sont nombreux, ils peuvent se tarir si le contexte économique évolue négativement. Il faut être vigilant. J’espère que les collectivités publiques se pencheront, aux côtés de La Ciotat Shipyards, sur ce site pour lui donner des perspectives intéressantes. »
Autre poumon économique, les zones Athélia. « Les entreprises se sentent bien dans le collectif La Ciotat Entreprendre », a souligné le maire en évoquant divers lieux comme le centre ancien. Puis il a renchéri : « On se porte acquéreur de locaux qui se sont libérés et nous proposons des facilités aux jeunes commerçants et artisans car il faut consommer dans le centre-ville. »
Alexandre Doriol a conclu son intervention avec pugnacité : « Il faut être lucide sur le monde qui nous entoure, fort et audacieux. Aucune montagne n’est infranchissable. La Ciotat doit se lever dans la peau du meilleur athlète. Nous ne craignons aucune adversité. Nous devons inscrire La Ciotat dans un monde qui bouge. »
* Alexandre Doriol a notamment étédirecteur de cabinet de Ferdinand Bernhard, alors maire de Sanary et président de la communauté d’agglomération Sud Sainte-Baume.
** Patrick Boré (LR), décédé le 5 juillet 2021, a été maire de La Ciotat de 2001 jusqu’au 3 septembre 2020. Tout juste élu sénateur des Bouches-du-Rhône, il est alors touché par le cumul des mandats. Arlette Salvo, qu’il avait choisie pour lui succéder avant de partir au Sénat, a démissionné le 12 juin 2023.
*** Avant son élection, Alexandre Doriol était le premier adjoint d’Arlette Salvo.