On dit des Haut-Alpins qu'ils ont un élastique dans le dos qui les ramène un jour ou l'autre au pays. Après une expérience à Lyon dans un grand groupe, Philippe Vial savait qu'il rejoindrait tôt ou tard l'entreprise familiale. Falpa, spécialisée dans la fabrication de produits en béton, à Plan de Vitrolles, a été créée en 1965 par son père, Claude Vial, tout aussi connu pour son passé de maire de la commune voisine de La Saulce. Une histoire de famille. « Ma grand-mère possédait une usine similaire à Aix-en-Provence. » Claude Vial commence par produire des hourdis et des agglos, puis des pavés et bordures de trottoirs. Il dépose ensuite différents brevets relatifs aux murs de soutènement, le Taludecor, le bloc Antari et le Taluroc.
Philippe Vial poursuivra cette volonté d'innovation. S'il intègre Falpa en 1995 en tant que directeur technique et administratif, il endosse davantage de responsabilités lorsque son père devient maire en 2001 jusqu'à en prendre officiellement les rênes en 2006. Il est aujourd'hui à la tête d'une entreprise de six personnes, réalisant un chiffre d'affaires de 1,5 M€, et se targue d'être « l'un des derniers fabricants de produits béton indépendants de Paca ».
Pour lui, le bloc béton a tout bon : « C'est un produit peu cher, fabriqué localement -on dénombre 600 producteurs de blocs béton en France-, inerte, 100 % recyclable et à l'infini, écologique, au point d'être parmi les matériaux les mieux placés au niveau du bilan carbone. Le seul produit dégageant du CO2 à l'intérieur, c'est le ciment, représentant 7 % de notre formulation ».
Premier bon point : ses produits n'ont pas vocation à beaucoup voyager. Ils sont commercialisés localement, chez les négociants en matériaux. Falpa a tout de même remporté un marché national en équipant les magasins Botanic de pavés parfaitement adaptés au bon entretien des plantes.
Un outil de travail automatisé et modernisé
Philippe Vial, animé par une démarche RSE, tâche « au maximum de travailler avec du bon sens ». Pour améliorer son empreinte énergétique, Falpa révise d'abord ses formulations. Depuis 2019, elle utilise un ciment dilué bas carbone. Les déchets issus de son usine sont concassés par l'entreprise voisine, CBA (Carrières et ballastières des Alpes), puis livrés sous forme de sable, entrant dans la composition du béton. Côté circuit court, on peut difficilement faire mieux. Philippe Vial cherche aussi à introduire des matériaux biosourcés comme le miscanthus. « Mais le plus difficile, c'est de trouver la filière d'approvisionnement ».
Deuxième piste d'amélioration : le procédé constructif. « Passer d'une pose maçonnée à une pose collée génère 30 % de CO2 en moins. Nous avons réalisé les premiers essais grâce à notre rectifieuse et allons lancer les produits montés à la colle et sans joint courant juin. » Un autre projet devrait rapidement voir le jour : des matériaux à résistance thermique renforcée, en travaillant sur les points singuliers et les ponts thermiques.
Parce qu'innover va de pair avec une ligne de production à la pointe, Philippe Vial vient d'injecter 1,5 M€, avec le concours du Feder (fonds européen de développement régional) à hauteur de 800 000 €. Depuis février, l'outil est modernisé, automatisé permettant d'être plus productif et qualitatif. En parallèle, l'entrepreneur a embauché un directeur technique chargé de l'optimisation industrielle et de la R&D. Le nerf de la guerre.