AccueilEconomieFrédéric Cavallino, président de la CCI 05 : « Cette foncière répondra à nos propres besoins et à ceux des entreprises »

Frédéric Cavallino, président de la CCI 05 : « Cette foncière répondra à nos propres besoins et à ceux des entreprises »

La CCI 05 projette le montage d'une structure avec deux autres chambres de la région Paca pour faciliter l'acquisition ou la construction de foncier économique. En parallèle, elle accroît sa participation à la future Sem énergie départementale.
La CCI des Hautes-Alpes s'est réunie en assemblée générale le 30 mai.
CCI - La CCI des Hautes-Alpes s'est réunie en assemblée générale le 30 mai.

Economie Publié le , Propos recueillis par Marie-France Sarrazin

TPBM : Lors de votre assemblée générale, le 30 mai, vous avez voté une augmentation de votre apport au capital social de la future Sem énergie départementale. Pourquoi ?

Frédéric Cavallino : Jusqu'à présent, la CCI 05 y était engagée à hauteur de 50 000 €. C'était une participation de principe, les statuts n'étant pas encore établis. Aujourd'hui, on y voit plus clair. Le président du Département des Hautes-Alpes devrait faire valider les statuts définitifs de cette Sem énergie à la session plénière de juin pour un démarrage à la rentrée j'imagine. Avec cette mise de départ à 50 000 €, on restait spectateur, ce n'est pas le but. Nous montons à 215 000 €, ce qui nous permet d'obtenir deux postes au conseil d'administration et un au conseil technique. En augmentant notre participation au capital, nous faisons vraiment partie du tour de table, de la réflexion, de la stratégie.

Pourquoi la création de cette Sem énergie vous tient-elle à cœur ?

Le projet d'une Sem départementale gérée à la fois par Territoire d'énergie et le Département fait sens quant à la maîtrise des projets d'énergie écologique en cours ou futurs et la protection des entreprises du territoire. Ces dernières années, nous avons vu des sociétés extérieures à la France venir travailler dans des conditions précaires et à des tarifs défiants toute concurrence, mais avec des risques de malfaçon et des risques pour les ouvriers. Elles sont venues se mettre en concurrence avec notre tissu local, ce qui ne correspond pas du tout à notre démarche. Nous préférons faire travailler nos entreprises locales, les accompagner en matière d'attractivité tarifaire, de sécurité, de montée en compétence...

Vous nourrissez un autre gros projet : la naissance d'une foncière avec les CCI des Alpes-de-Haute-Provence et du Pays d'Arles...

Il y a un an et demi, en début de mandat, le directeur de la CCI régionale a présenté son projet de foncière à l'échelle de la région. Tout le monde était plutôt favorable. Pour ma part, j'étais un peu partagé car nous sommes la plus petite CCI de la région. Avec les trois métropoles que sont Marseille, Nice et Toulon, je craignais que nous soyons invisibles ou sans puissance, n'ayant pas du tout la même capacité d'investissement. Finalement, c'est un projet qui peinait à aboutir.

Nous avons eu l'idée de travailler sur une foncière à trois, avec les CCI des Alpes-de-Haute-Provence et du Pays d'Arles. Trois zones rurales, assez similaires quant au nombre de ressortissants et au tissu très proche, même si le Pays d'Arles possède plus de ressources que nous. Cette foncière reste ouverte aux autres CCI de la région Paca qui voudraient nous rejoindre, mais elle aura été créée et montée par et à l'échelle des petites. Si les grosses arrivent, il n'y aura pas de déséquilibre.

Les trois CCI mettent 100 000 € chacune. La foncière sera opérationnelle d'ici fin 2023.C'est une première en France, saluée par le président de CCI France qui a l'intention de soumettre l'idée à d'autres régions.

Frédéric Cavallino, président de la CCI des Hautes-Alpes. (Crédit : CCI 05)

Pourquoi la monter à trois ? Ne craignez-vous pas des problèmes d'arbitrage ?

C'est un moyen de monter un projet avec un peu plus d'assise financière que si nous étions seuls. Nous aurons plus d'agilité en étant à trois avec davantage de capacité d'emprunt. Mais chacun reste maître en sa demeure. Sur un projet haut-alpin, l'idée est que la CCI 05 soit ultra majoritaire et que les autres arrivent en soutien. Nous ne serons pas à parts égales.

Dans quel but créer cette foncière ?

Déjà pour diversifier nos sources de revenus. La TCCI (taxe pour frais de chambres de commerce et d'industrie) a été maintenue par le président de CCI France pour 2022 et 2023, mais on ne sait pas ce qui va se passer à l'avenir. Il nous faut une indépendance plus forte vis-à-vis de cette taxe. Cette ressource nous vient de l'Etat, reversée à CCI France puis redistribuée aux Régions, qui en fonction du poids économique, les distillent aux territoires. La taxe, censée nous permettre de pérenniser nos actions de service public, a été fortement diminuée ces six ou sept dernières années. Nous sommes proches du point 0. Si elle baisse, nous ne pourrons plus fonctionner, à moins de nous réinventer.

Mais ce n'est pas le seul but. L'idée est d'avoir un outil juridique approprié à l'achat ou à la construction de foncier économique pour répondre à nos propres besoins et à ceux des entreprises.

C'est-à-dire ?

Nous pourrions nous retrouver à l'étroit dans nos locaux, même si nous parvenons à rénover l'espace qu'il nous reste. Nous projetons d'implanter une école de commerce à Gap. Nous possédons déjà CCI Formation, mais sous souhaitons l'étoffer et amener plus d'opportunités à des jeunes qui pourraient ainsi rester dans le département. Je pense que d'ici mi-septembre, on aura signé et monté la structure pour une ouverture à la rentrée 2024. Cette école serait logée dans nos murs. Or nous accueillons aujourd'hui 50 étudiants. A 100, nous atteindrons le maximum de notre capacité d'accueil. Si ça fonctionne bien, il va falloir s'agrandir.

Il manque aussi des hôtels d'entreprises. Micropolis à Gap et Altipolis à Briançon sont pleins. Peut-être y a-t-il aussi des besoins dans l'Embrunais. Il faut arriver à les évaluer, de même que ceux des politiques. Ces projets peuvent très bien entrer dans la foncière.

Le foncier économique est un réel problème dans les Hautes-Alpes, avec certaines zones d'activités arrivant à saturation...

J'ai dîné avec Dominique Faure, ministre chargée des Collectivités territoriales et de la Ruralité, à Paris. Je lui ai parlé du ZAN (zéro artificialisation nette). C'est ce qui nous impacte le plus. Il faut faire en sorte que dans des territoires ruraux comme les nôtres, les mesures soient plus souples. Nous sommes dans une région montagneuse, encaissée, où la construction est compliquée, pas en plaine, pas comme à Sisteron, dont la zone Nord s'agrandit. Nous disposons de peu de place et nous avons peut-être été un peu prudents ces dernières années, en ayant peu construit, ce qui nous pénalise dans une des règles du ZAN.

Partager :
Abonnez-vous
  • Abonnement intégral papier + numérique

  • Nos suppléments et numéros spéciaux

  • Accès illimité à nos services

S'abonner
Journal du 12 avril 2023

Journal du12 avril 2023

Journal du 05 avril 2023

Journal du05 avril 2023

Journal du 29 mars 2023

Journal du29 mars 2023

Journal du 22 mars 2023

Journal du22 mars 2023

S'abonner
Envoyer à un ami
Connexion
Mot de passe oublié ?