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Fibois Sud : Bois Zif, les bâtiments bois en zones feux de forêt

Lauréat de l’appel à projets national lancé par le ministère de la Transition écologique, Fibois Sud a organisé, à l’Entente Valabre à Gardanne, une rencontre de présentation de Bois Zif, entouré de partenaires et sponsors.
Les partenaires du projet Bois Zif : de gauche à droite, Yves Lozachmeur (Lign.O), Gildas Auguin, directeur technique d’Efectis, Bruno Guillaume, ingénieur feu d’Efectis, Oliver Gaujard, président de Fibois Sud, Claire Harmand, prescriptrice bois, cheffe de projet Bois Zif pour Fibois Sud, et Frédérique Giroud, directrice du Ceren.
(Crédit : M. Debette) - Les partenaires du projet Bois Zif : de gauche à droite, Yves Lozachmeur (Lign.O), Gildas Auguin, directeur technique d’Efectis, Bruno Guillaume, ingénieur feu d’Efectis, Oliver Gaujard, président de Fibois Sud, Claire Harmand, prescriptrice bois, cheffe de projet Bois Zif pour Fibois Sud, et Frédérique Giroud, directrice du Ceren.

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Bois Zif, c’est le nom du projet remporté par Fibois Sud dans le cadre du Programme d’investissements d’avenir (PIA) France 2030, lancé par le ministère de la Transition écologique, et opéré par l’Ademe*, concernant "le soutien à l’innovation dans la construction bois biosourcé et géosourcé". L’objectif est d’élaborer un cadre technique pour l’usage du bois et des biosourcés dans la construction en zones à risque d’incendie de forêt.

« Les études et outils qui seront issus de ce projet participeront à des avancées techniques et réglementaires sur cette thématique. Ils permettront de lever les freins et de construire sereinement, et en toute sécurité, en bois et biosourcés dans les zones concernées. Uniquement les zones urbaines, périurbaines et villageoises présentant un risque d’incendie de forêt. Il n’a pas vocation à promouvoir la construction dans les espaces forestiers fermés », indique Claire Harmand, prescriptrice bois, cheffe de projet Bois Zif pour Fibois Sud.

Trois années et quatre actions

Le projet s’intéresse à l’ensemble des aspects de la construction, de l’analyse du site jusqu’à la conception des détails. L’objectif étant d’apporter une solution globale. Pour cela, les travaux menés durant trois années doivent déboucher sur le développement de quatre solutions. La première est un outil de détermination de la constructibilité dans la zone de risque d’incendie de forêt, hors document réglementaire existant tel que le Plan de prévention des risques d’incendies de forêts (PPRIF) ou "Porter à connaissance"**.

Cet outil d’aide à la décision à l’usage des maîtres d’ouvrage et maîtres d’œuvre sera conçu pour indiquer les points de risque.

« Il est vraiment conçu pour donner une idée des gros points de risque tout en étant suffisamment peu détaillé pour rester compatible avec tout futur classement quantitatif et précis qui pourrait être établi par les services de l’Etat si, demain, il y avait un PPRIF sur la zone, ou un futur "Porter à connaissance" ou une carte d’aléas », précise Claire Harmand.

La reconstruction de l’Erea Louis Aragon aux Pennes-Mirabeau (Bouches-du-Rhône), conçue par Apache Architectes, illustre la résilience de la construction bois face à ce risque spécifique. En effet, si le bâtiment a bien été détruit par l’incendie de Rognac, il a été reconstruit en bois et biosourcés. (Crédit : M. Debette)

La mise en place d’un écran thermique

La deuxième, plus pratique, est la qualification de quatre complexes de parois et quatre toitures en vue de répondre à la réglementation en vigueur. En l’absence de PPRIF ou de Porter à connaissance, la référence sera la Note technique (NT) du 29 juillet 2015. « Les exigences porteront, pour une paroi composite, sur la mise en place d’un écran thermiquedevant les éléments porteurs. Que cet écran thermique présente un classement de réaction au feu A2 - s1, d0. Qu’il soit en sollicitation feu ISO 834 avec une durée de 30 minutes et que le matériau combustible derrière l’écran thermique n’entre pas en pyrolyse*** », ajoute la cheffe de projet, précisant que, en fait, il ne faut pas qu’il y ait de pyrolyse derrière l’écran thermique.

Un guide de préconisations

La troisième est la conception d’un guide de préconisations techniques pour comprendre ce qu’il se passe au niveau des interfaces et les protéger. « Pour cela, nous allons utiliser une méthode AJT, pour angles, joints et trous. C’est-à-dire rechercher les singularités du bâtiment pour repérer les situations de risque entre les angles entre deux parois, les joints entre matériaux et les trous nécessaires à l’insertion de réseaux et d’appareillages (brandons, attaques liées aux flux thermiques, etc.) », explique Claire Harmand.

Et une approche « performantielle »

La dernière consiste en une méthodologie pour une approche "performantielle" des solutions constructives permettant d’élaborer des systèmes constructifs caractérisés selon cette approche. Bien que permise par la loi, cette approche "performantielle" est peu utilisée car les laboratoires ne disposent pas d’une méthodologie normalisée qui prend en compte les feux de forêt, alors que ces feux se comportent très différemment.

D’où l’idée d’ajouter, à l’aspect réglementaire, une approche "performantielle".

« Nous allons tester des systèmes vis-à-vis de cette approche. C’est-à-dire que nous allons imaginer que le feu ne sera pas forcément collé à la paroi, mais qu’il se situera plutôt à la lisière de la forêt, ou à 50 m, etc. Donc, il nous faut des intensités différentes et prendre en compte les vents dominants de la façade dominante. Ce qui, on l’espère, nous permettra d’intégrer plus de bois et de biosourcés. Ou, en tout cas, de protéger différemment les façades », conclut Claire Harmand.

* Agence de la transition écologique.
*
* Le « Porter à connaissance » désigne la procédure par laquelle le préfet porte à la connaissance des communes ou de leurs groupements compétents le cadre législatif et réglementaire à respecter ainsi que les projets des collectivités territoriales et de l’Etat en cours d’élaboration ou existants.
*** Décomposition chimique par chauffage.

Olivier Gaujard, président de Fibois Sud : « Nous allons partager nos résultats au niveau national »

Oliver Gaujard, président de Fibois Sud. (Crédit : M. Debette)

TPBM : Pourquoi avoir répondu à cet appel à projets ?

Olivier Gaujard : Parce qu’il concernait l’ensemble des matériaux de la construction bois biosourcée et géosourcée. Parmi les nombreuses thématiques, la majorité concerne les feux intérieurs, les feux des bâtiments contenant beaucoup de matériaux combustibles vis-à-vis d’un feu extérieur, et en particulier la vulnérabilité des constructions dans les zones à risque feux de forêt.

Jusqu’à il n’y a pas si longtemps, cette problématique de feux de forêt ne concernait que le sud de la France, la Corse, etc. Désormais, elle est devenue une préoccupation nationale puisqu’il y a des incendies de forêt en Bretagne, dans les Vosges, dans le Jura. Et le réchauffement climatique annoncé par les scientifiques tend à aller vers un réchauffement considérable. Le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Christophe Béchu, a dit que le + 1,5 °C des Accords de Paris, ce n’est plus tout à fait ça. On serait plutôt à + 4 °C.

Comme depuis un an, nous travaillons sur ce sujet, de manière collaborative, avec les Services départementaux d’incendie et de secours (Sdis), la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal), l’association Les Communes forestières et des acteurs du bâtiment, cet appel à projets a été l’occasion de bâtir un projet beaucoup plus ambitieux que ce que nous imaginions au départ, tout en bénéficiant des financements requis pour faire des essais et pouvoir apporter des réponses à ces problématiques.

Votre projet est donc devenu national ?

Oui. Avant cet appel à projets, Fibois Sud étant une interprofession régionale, nous traitions déjà cette problématique, mais uniquement au niveau régional et en relation avec les Sdis de notre territoire, les plus concernés par les feux de forêt.

Ce sont les circonstances d’évolution des zones à risque d’incendies de forêt qui nous ont poussés à répondre à cet appel à projets. Ce qui fait que les résultats que nous obtiendrons, nous allons les partager au niveau national.

La problématique des feux de forêts est devenue une préoccupation nationale.(Crédit : M. Debette)

C’est donc un nouveau défi pour Fibois ?

Le défi est déjà relevé puisque nous avons les partenaires, le financement de l’Ademe. Je dirais que nous avons fait la moitié du chemin. D’autant plus que nous avons la chance de compter parmi le consortium le Ceren*, qui est le seul centre d’essais et de recherche pour l’application des moyens de prévention et de lutte contre le feu, en France. Et qui se trouve à quelques mètres du siège de Fibois Sud, sur le site de l’Entente pour la forêt méditerranéenne, à Valabre (Gardanne). Ainsi qu’Efectis, laboratoire agréé et accrédité en sécurité incendie pour les essais, l’ingénierie et la modélisation numérique, la certification et les inspections. Et Lign.O, entreprise de construction modulaire 2D.

Quand on a des partenaires de ce niveau, ainsi que les sponsors qui nous apportent le complément de financement indispensable, tout cela crée une dynamique pour atteindre le résultat recherché.

Peut-on voir ce projet comme une contribution au bien commun ?

Oui, car les résultats de ce projet vont bénéficier aux acteurs de la filière bois construction, à la société au sens large et aux services de l’Etat. L’ensemble des rapports d’essais, l’outil de détermination de la constructibilité dans la zone d’intérêt, la caractérisation des complexes de parois type, les préconisations constructives et le carnet de détail, ainsi que la méthodologie pour une approche "performantielle" des solutions constructives, seront mises à la disposition de tout utilisateur, aux conditions de la licence ouverte/open licence d’Etalab**, dans sa version en vigueur à la date de signature de la convention.

Propos recueillis par Martine Debette

* Centre d’études et de recherches économiques sur l’énergie.
** La licence ouverte/open licence d’Etalab est une licence libre française créée par la mission Etalab afin d’encadrer l’ouverture des données de l’Etat français. Elle garantit au « réutilisateur » le droit non exclusif, personnel et gratuit d’utiliser les informations sans limites géographiques ni temporelles.

Le planning

Démarrage : le 1er octobre 2023.
Durée : 36 mois.
Montant total du projet : 602 505 €, dont 436 672 € financés par le Programme d’investissements d’avenir (PIA), désormais intégré à France 2030, opéré par l’Ademe et financé par l’Union européenne.

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