Les stations de ski entendent participer à la transition environnementale. En 2020, la chambre professionnelle des opérateurs de domaines skiables s'est fixée pour objectif d'atteindre la neutralité carbone en 2037, constituant une partie des 16 éco-engagements pris. Le congrès annuel de DSF, qui s'est déroulé cette année à Toulon les 5 et 6 octobre, a été l'occasion de dresser un premier bilan de ce plan d'action. En matière environnementale, chacun doit faire sa part.
« Les responsables de domaines skiables sont aux avant-postes pour constater les impacts du réchauffement climatique sur la montagne : fonte des glaciers, chute de roches, dégel du permafrost, variabilité accrue des précipitations neigeuses. À nous seuls, nous ne stopperons pas le réchauffement climatique, mais nous avons choisi d’être les premiers de cordée dans cette transition, pour préserver ce bien commun qu’est la montagne, aux côtés de tous nos partenaires », s'exprime Alexandre Maulin, président de Domaines skiables de France (DSF).
Des avancées concernant la motorisation des dameuses
Plan qui s'attaque d'abord aux émissions de CO2, produites à hauteur de 95% par les engins de damage fonctionnant au gasoil. DSF s'est largement penché sur la question en consultant constructeurs et scientifiques. Il en est ressorti que l'hydrogène était la meilleure option, permettant des conditions extrêmes d'utilisation, mais nécessitant la création d'un écosystème pour produire et distribuer de l'hydrogène vert dans les territoires concernés. Cette énergie pourrait également servir aux camions et transports publics.
Ces dernières années ont vu l'émergence de prototypes fonctionnant à l'hydrogène, mais aussi à l'électricité, qui semblent tenir toutes leurs promesses. En 2022, l'exploitant du domaine skiable de L'Alpe d'Huez, Sata Group, et Resalp, l'exploitant des bus urbains de la station, ont commandé à l'entreprise savoyarde GCK cinq dameuses et trois bus à hydrogène rétrofités. En 2022, toujours, l'isérois CM Dupon a présenté la première dameuse au monde de taille standard entièrement électrique, conçue à la demande de la Compagnie des Alpes (CDA). Cette année, le constructeur de dameuses italien Prinoth a dévoilé la première dameuse au monde à moteur hydrogène, la Leithwolf h2 Motion, équipée d'un moteur à combustion interne du groupe italien FTP Industrial, le XC 13.
Petit à petit, le marché des dameuses à motorisations alternatives se structure. Pour d'ores-et-déjà réduire leur empreinte carbone, une quinzaine de domaines skiables, représentant la moitié de la fréquentation nationale, alimentent leurs dameuses diesel avec du biocarburant de synthèse HVO (huile végétale hydrotraitée produite à base de déchets).
La meilleure énergie est cependant celle qu'on n'utilise pas. Pour abaisser de 5 à 10% la consommation de gasoil des dameuses et de 10 à 20% la consommation électrique des remontées mécaniques, 68% des conducteurs de dameuses et 82% des conducteurs de téléportés ont été formés à l'écoconduite. Dans ce même but, 96% des domaines ferment les doublons, à savoir les remontées redondantes, en période de faible affluence.
Le démantèlement des remontées obsolètes s'accélère
La gestion de l'eau constitue un autre élément phare de ce plan. Les adhérents de DSF se sont engagés à préserver au mieux la ressource. 43% des stations utilisent au moins 100.000 m3 d'eau annuellement pour produire de la neige. 84% d'entre elles disposent d'une retenue d'altitude pour lisser leurs prélèvements dans le temps. L'économie de la ressource passe aussi par l'optimisation du damage. Comment ? En mesurant précisément la hauteur de neige sur chaque piste. 76% des stations possédant au moins six dameuses produisent ainsi la juste quantité de neige nécessaire. 63% des domaines dotés d'une retenue d'altitude partagent leur ressource avec les éleveurs en période de sécheresse.
La protection de la faune et de la flore de montagne représente le troisième pan de ces éco-engagements. En la matière, 61% des exploitants tiennent à jour un inventaire des connaissances environnementales des espaces naturels. Pour protéger les grands oiseaux qui se blessent parfois avec les câbles des remontées, les exploitants s'engagent à les équiper de repères visuels pour prévenir les collisions. 34% ont déjà sauté le pas.
Autre axe du plan : la qualité des paysages. A ce titre, tous les domaines qui ont réalisé des travaux de terrassement en 2022 ont végétalisé les zones d'intervention et 63% ont utilisé des semences endémiques. Le démantèlement des installations abandonnées est aussi assuré à un rythme de plus en plus soutenu. Sept remontées ont été démontées gratuitement avec l'accord des collectivités. Trois l'ont été cette année, deux en Savoie et une dans les Alpes-Maritimes. Le plus dur reste à faire : DSF a identifié 71 appareils obsolètes présents sur 47 sites, en très grande majorité dans les Alpes.
La question des déchets compose le dernier volet du plan. 80 % des domaines skiables organisent au minimum une opération de ramassage de déchets chaque année, soit plus de 2.700 ha de surfaces inspectées en 2021. Et 61 % mènent régulièrement des actions de sensibilisation à destination des skieurs et randonneurs.