AccueilEconomieChristophe Mirmand appelle les stations de ski à relever le défi de la transition du "tout ski"

Christophe Mirmand appelle les stations de ski à relever le défi de la transition du "tout ski"

Les stations de ski doivent relever le défi de la transition du « tout ski » a plaidé Christophe Mirmand, le préfet de région, lors du congrès national de Domaines skiables de France, à Toulon.
Avec le réchauffement climatique et le manque de neige, de nombreuses stations de ski doivent revoir leur modèle.
D. R. - Avec le réchauffement climatique et le manque de neige, de nombreuses stations de ski doivent revoir leur modèle.

Economie Publié le ,

« Vous n’êtes plus des stations de ski mais des stations de montagne. Vous sortez donc progressivement du tout-ski, bravo ». Devant les adhérents de Domaines Skiables de France, réunis les 5 et 6 octobre à Toulon pour leur congrès annuel, Christophe Mirmand, préfet de Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, mais aussi préfet de massif, a tenu un discours de vérité. Il a interpellé les élus de stations de montagne et directeurs de stations de ski sur le sujet du réchauffement climatique et de ses conséquences sur le tout ski. Nos stations de ski dans les Alpes, les Pyrénées et le Massif Central sont concernées.

Réchauffement du climat et dégradation des conditions de neige

« Le réchauffement climatique s’est accéléré dans les décennies 2000 et 2010, le groupement international d’experts du climat (GIEC), établissant désormais de manière irréfutable son origine humaine. Les territoires de montagne se sont ainsi retrouvés aux avant-postes du changement climatique, éprouvant plus rapidement et intensément ses effets délétères, évidents et visibles : augmentation des températures moyennes deux fois plus vite qu’ailleurs, fonte des glaciers et du permafrost, raréfaction et aléa de l’enneigement naturel, augmentation des phénomènes météo extrêmes et de l’ensemble des risques naturels » a poursuivi le représentant de l’Etat.

En France, 93% des stations des Alpes et 98% de celles dans les Pyrénées sont en péril avec un réchauffement climatique de +3°C causé par les activités humaines, selon une l’étude publiée en aout dernier dans la revue Nature Climate Change.

« Le changement climatique futur va dégrader les conditions d'enneigement des stations de ski dans toutes les régions montagneuses d'Europe, comparé aux dernières décennies » résume Samuel Morin, chercheur à Météo-France et au CNRS, et coauteur de l'étude.

« Le réchauffement climatique est une menace existentielle pour un certain nombre de stations à diverses échéances. Parmi nos 200 stations, 170 ont fait réaliser des études Climsnow et savent à quoi s'en tenir. Météo France, le Centre d'études de la neige, l'Inrae posent des chiffres à la fois sur la raréfaction de la neige et sur la réduction de notre exposition à cet aléa grâce à nos techniques et savoir-faire » tempère dans une interview à TPBM en septembreLaurent Reynaud, le délégué général de Domaines skiables de France.

Et ce dernier d’ajouter : «Les trajectoires des stations vont être différenciées selon qu'elles seront rapidement dans l'incapacité d'exploiter le skiou a contrario pourront compter dessus encore durablement pour 30, 50 voire 100 ans. Tout cela donne une idée du retour sur investissement, de l'amortissement des équipements et apporte un premier niveau de réponse à la viabilité de nos entreprises ».

Pour Christophe Mirmand, « le changement climatique n’est pas une crise, par définition passagère, comme il peut en surgir dans l’économie ou avec les pandémies. Il est le nouveau paradigme dans lequel nous sommes tous engagés et pour plusieurs générations. Nous devons écouter et prendre en compte les signaux envoyés par la jeune génération qui, non seulement, est à l’avant-garde de profonds changements sociétaux et politiques, mais qui se détourne pour partie des métiers touristiques de la montagne, comme en témoigne les difficultés croissantes à recruter et fidéliser les saisonniers ».

Difficultés pour nos stations par manque d’enneigement

Dans nos Alpes du Sud, les conséquences sont déjà concrètes pour certaines de nos stations. Certaines, comme les plus petites et basses en altitude, sont d’ores et déjà arrêtées. Le préfet a donné l’exemple de Ceüze, dans les Hautes-Alpes. D’autres connaissent des difficultés par manque d’enneigement. « Plusieurs autres, en moyenne montagne ont l’horizon 2040 en vue, et il nous faut les accompagner dès maintenant dans leur transition vers une moindre activité liée au ski, en considérant qu’il s’agit, pour la plupart, de stations-villages où la vie à l’année est à préserver et à développer » a ajouté M. Mirmand. C’est le cas de la commune-station de Montclar, dans les Alpes-de-Haute-Provence qui veut retrouver son attractivité d’antan. Sa méthode : investir dans un projet de développement durable pour passer d’un modèle de résistance à un modèle d’exemplarité.

Le modèle des stations de ski perturbés à l’horizon 2050

Et le représentant de l’Etat de prévenir : « Le modèle de fonctionnement de la plupart de stations sera perturbé à l’horizon 2050, avec de fortes variabilités climatiques à intégrer et des conditions économiques différentes du modèle actuel ». « Seules quelques dizaines pourraient continuer à permettre la pratique du ski dans les Alpes dans des conditions raisonnables au-delà de l’horizon 2050 » a rappelé le préfet. Et Christophe Mirmand de lancer à l’assistance : « Il vous appartient désormais de relever le plus difficile des défis : celui de votre transition. Il faudra pour cela contredire l’adage 1 sans le ski tout est fini ».

« Les responsables de domaines skiables sont aux avant-postes pour constater les impacts du réchauffement climatique sur la montagne. À nous seuls, nous ne stopperons pas le réchauffement climatique, mais nous avons choisi d’être les premiers de cordée dans cette transition, pour préserver ce bien commun qu’est la montagne, aux côtés de tous nos partenaires », s’est exprimé de son côté Alexandre Maulin, président de Domaines skiables de France. A cette occasion DSF a dévoilé un premier bilan des 16 éco-engagement pris en 2020.

De station de ski à station de montagne

Le représentant de l’Etat s’est voulu optimiste pour la suite. « À l’évidence, les sites des stations resteront attractifs pour les excursionnistes et les touristes cherchant à bénéficier des atouts de la montagne, ainsi que pour des populations désirant s’installer durablement dans les villes et villages. Les besoins en services, activités économiques et liaisons améliorées avec les vallées vont donc croître. La gestion des flux, des pics de fréquentation devient un impératif de gestion dans tous vos territoires, été comme hiver. Car c’est bien à l’échelle des bassins de vie, alliant sites d’altitude et vallées que pourront se réaliser ces transitions. Le renouveau des petites centralités urbaines et rurales au cœur de nos vallées, les objectifs de souveraineté alimentaire et énergétique ou encore les nouveaux territoires d’industrie et la réindustrialisation verte sont autant d’opportunités à saisir pour diversifier dès maintenant et se substituer progressivement aux revenus liés au ski ».

Christophe Mirmand, le préfet de Région PACA. (Photo D. R.)

« La concentration des ressources du ski dans un nombre réduit de stations de haute altitude interroge par ailleurs la cohésion territoriale et les solidarités à l’échelle de nos massifs. Là encore, les modèles actuels auront à évoluer » a prévenu M. Mirmand.

L’appel du préfet aux acteurs de la montagne

Le préfet de région a appelé les directeurs de stations de ski à leur responsabilité de chefs d’entreprise ou d’élu gestionnaire de domaines. « Notre environnement institutionnel est désormais décentralisé, conférant de larges responsabilités aux acteurs de terrain, institutionnels comme économiques. Je vous invite donc à vous engager, individuellement et collectivement, dans ces transitions en prenant pleinement conscience de votre rôle et de vos contributions attendues à la B chaîne de valeur en montagne ».

Et Christophe Mirmand de saluer « plusieurs premiers de cordée qui, parmi vous, ont déjà emprunté cette nouvelle voie, et tout particulièrement les entreprises alpines engagées dans la Convention des Entreprises pour le Climat ». Le représentant de l’Etat a appelé les représentants de DSF à s’engager au sein des nouveaux Comités de massif pour la mandature 2023-2029. Ils seront « des contributeurs déterminants pour construire, avec tous les acteurs en montagne, les plans d’adaptation des massifs au changement climatique requis par la loi ». « J’invite par ailleurs DSF et vous tous à participer à la poursuite des Etats généraux des transitions des territoires de montagne à animer à l’échelle nationale et par massif, à partir de 2024, par les représentants des pouvoirs publics, de l’économie en montagne et les organisations de la société civile ».

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