Avignon : restauration du Palais des papes, saison 2

Après un peu moins de trois ans de travaux (la première tranche avait été lancée en mars 2020), la phase finale de la restauration de la partie dite du "Palais Vieux" s’apprête à commencer, pour ne se terminer que courant 2024. Pendant ces presque deux années, il s’agira de poursuivre la vaste opération de réhabilitation de cet ensemble patrimonial édifié au XIV^e siècle, certes fait pour durer - et de ce point de vue, les Avignonnais n’ont pas été volés sur la marchandise - mais qui n’a pas totalement échappé à l’outrage du temps.

Avignon : Les grands travaux de réhabilitation du Palais des Papes ont débuté

Deux ans encore, donc, pendant lesquels le plus vaste édifice médiéval d’Europe restera habillé sur sa partie nord-ouest, par un échafaudage à sa mesure (plus ou moins 170 tonnes) derrière lequel se poursuivra une tâche qui relève tout autant de la virtuosité des bâtisseurs de cathédrales que de la méticulosité de véritables chercheurs dont ont fait preuve les architectes spécialisés, mais aussi les archéologues et historiens appelés à la rescousse pour ce chantier hors normes, ainsi que les agents de la direction des bâtiments et de l’architecture du conseil départemental de Vaucluse, maître d’ouvrage et propriétaire de l’essentiel de cette partie du Palais des papes. Sans parler de tous les ouvriers spécialisés qui ont mis la main à la pâte. « Tous les travaux qui ont été effectués jusqu’à présent sont vraiment des travaux de recherche », explique Marie-Anne Delay, conductrice d’opérations au sein du service opérations neuves et réhabilitations du Département de Vaucluse.

« Nous avons ainsi réalisé beaucoup d’essais pour reprendre la granulométrie de la pierre, les jointages… Nous avons également fait de nombreux essais d’huiles essentielles pour le nettoyage. Nous avons véritablement beaucoup appris et capitalisé des connaissances qui pourraient être utiles ailleurs pour des chantiers de ce type ».

Quant à la maîtrise d’œuvre de ce travail d’orfèvre du bâti et du temps, elle a été confiée au cabinet Pierre-Antoine Gatier, architecte en chef des Monuments historiques, qui n’a pas hésité à se faire assister dans cette formidable aventure par un spécialiste italien, l'agence Faccio (Padoue, It.).

Dans le total respect de l’édifice

Pour ceux qui auraient zappé le premier épisode, on rappellera tout de même que, dès le départ, le parti pris de rénovation visait un respect absolu de l’édifice et de ses matériaux (avec une conservation maximale de la pierre d’origine, tout en redessinant la silhouette ancienne du palais). Jusqu’aux techniques de nettoyage qui ont été élaborées au fil de la restauration, et pour lesquelles, peu à peu, a été mise au point une composition d’huiles essentielles à base de citronnelle et de romarin. Ce biocide sans agressivité pour le minéral aura notamment permis de débarrasser des centaines de m² de façade des mousses, lichens et autres résidus de pollution atmosphérique qui, lentement mais sûrement, dévoraient les pierres.

Avignon : le Palais des papes va entrer dans sa deuxième phase de travaux

Les vitraux rénovés en atelier

C’est dans cet esprit et grâce à ces techniques que le clos et couvert de la tour de Campane (plus de 40 m de hauteur) et l’aile dite des "Familiers" (plus de 20 m de hauteur) ont ainsi pu être traités. C’est aussi celui dans lequel va se dérouler cette nouvelle étape, qui concernera cette fois un troisième bâtiment intégré dans la même partie du Palais Vieux : la chapelle Benoît XII, du nom du pontife qui avait entrepris la construction de cette partie du célébrissime monument avignonnais. Là encore, il s’agira de procéder à la restauration complète des façades, mais également des vitraux de la chapelle, qui seront déposés afin d’être pris en charge en atelier, ainsi que des éléments de serrurerie, des meneaux et autres menuiseries de bois.

Comme ce fut le cas lors de la première phase, les pierres de façade qui devront être remplacées le seront par des matériaux très semblables aux originaux, extraits d’une carrière proche (Ménerbes) et d’une autre nettement plus lointaine (Maremma, près de Rome). Car même si le Palais Vieux ne semble pas avoir trop pris de rides, l’érosion, notamment du fait du mistral auquel est particulièrement exposée cette partie de l’édifice, a fait son office au fil des siècles. Comme l’explique Marie-Anne Delay, « Nous avons pu constater que sur l’angle de la tour, il pouvait manquer jusqu’à 30 cm de matière ». Rien que ça !

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Des archives départementales sur 26 km de rayonnages sur 32 étages

Précision utile, une fois le chantier terminé, les nombreux visiteurs (600 000 entrées annuelles) qui fréquentent le Palais des papes pourront mesurer eux-mêmes l’importance du travail effectué. Et cela autant à l'extérieur qu'à l'intérieur de cette partie du monument qui restait fermée au grand public.

Avignon : les archives départementales vont déménager à l'Agroparc en 2024

Jusqu'alors, les lieux abritaient en effet les archives départementales de Vaucluse (soit 26 kilomètres de rayonnages répartis sur 32 niveaux d’étages !) Or - et c’est là que se profile déjà une autre grand chantier du Département - au cours des deux années à venir, les archives seront déménagées vers un nouveau bâtiment, qui sera édifié sur la zone d’activités d’Agroparc, dont la vocation sera d’accueillir le fameux patrimoine d’archives ainsi que les fonds archéologiques départementaux et ceux de l’Etat. Avec une volonté, celle qu’une fois libérée de ses kilomètres de vieux papiers, cette partie du Palais soit enfin accessible au public pour une visite qui gagnera forcément en intérêt.

A l’issue des quatre ans et demi de restauration du Palais Vieux, il en aura coûté 5,82 M€ au total pour ce chantier principalement financés par le Département de Vaucluse et subventionnés par l’Etat à hauteur de 600 000 € avec une participation de 300 000 € de la Ville d’Avignon (elle-même propriétaire d’une petite partie de l’édifice concerné par la restauration).