AccueilEconomieAslé Conseil, dix ans à scanner et soigner le patrimoine

Aslé Conseil, dix ans à scanner et soigner le patrimoine

En 2023, Gilles Martinet fête le dixième anniversaire d'Aslé Conseil, son bureau d’études, de conseil et de diagnostic en conservation et restauration du patrimoine à Arles. Un enjeu mieux considéré dans les discours, mais confronté à des fragilités.
Aslé Conseil a été associé aux travaux d’étude préalable à la restauration du campanile de Saint-Tropez.
J.-C. Barla - Aslé Conseil a été associé aux travaux d’étude préalable à la restauration du campanile de Saint-Tropez.

EconomieBouches-du-Rhône Publié le ,

« Pour nous, tous les sujets du patrimoine sont passionnants, de la petite chapelle au cœur d’un village rural de l’Ariège aux Invalides à Paris, en passant par une cathédrale, un amphithéâtre romain ou une mosquée… », explique Gilles Martinet, fondateur et dirigeant d’Aslé Conseil. Ce bureau d’études, de conseil et de diagnostic en conservation et restauration du patrimoine est positionné dans "Les Ateliers du Pôle" (ex-Archeomed), à Arles. Voilà dix ans qu’il apporte son expertise sur un sujet qui sert toujours l’image touristique de la France et de la Provence sans pour autant faire l’objet d’une attention scrupuleuse, la dégradation de nombre de joyaux valant à l’animateur TV Stéphane Bern de promouvoir un loto national dédié à les sauver !

Les contraintes se sont accrues sur les communes, les chantiers sont complexes, les traitements exigent des techniques de plus en plus pointues, l’appel au financement participatif des particuliers ou au mécénat d’entreprise ne suffit plus à combler des coûts qui s’envolent. Longtemps investi au sein du Pôle Culture et Patrimoines qui rassemblait les professionnels et institutions du secteur, Gilles Martinet, docteur en géosciences, observe ces évolutions avec une certaine inquiétude, mais toujours avec la même volonté d’unir les compétences pour plus d’efficacité. Aslé Conseil s’est enrichi d’un nouvel associé spécialisé en maçonnerie et pierre, Alexis Texier, et d’une coordonnatrice multi-tâches, Laetitia Bertrand, ex-directrice générale du Pôle.

Face à la demande accrue d’expertises et de conseils, Gilles Martinet, au centre, s’est entouré de Laetitia Bertrand et Alexis Texier. (Crédit : J.-C. Barla)

Une brique dans une intervention multi-compétences

Principalement positionné sur le grand quart Sud-Est, ce qui ne l’empêche pas de réaliser des études jusqu’en Polynésie ou à Saint-Pierre-et-Miquelon, le cabinet intervient en assistance technique, diagnostic, analyse, auprès d’architectes du patrimoine ou des Monuments historiques, de restaurateurs d’œuvres, d’entreprises ou de collectivités… « Nous proposons une démarche sur-mesure par rapport à des concurrents beaucoup plus gros et travaillons avec l’envie profonde d’être utiles. J’apprends toujours de mon métier car tout projet génère des surprises ! »? indique Gilles Martinet.

Certaines viennent de l’altération dans le temps des matériaux, d’autres des pratiques humaines ou de techniques qu’ils ont subies. « Notre rôle est de mieux en mieux reconnu. L’architecte du patrimoine omniscient, c’est fini, confie Alexis Texier. Nos interlocuteurs semblent plus ouverts à la transversalité des compétences. Et plutôt que de raser pour tout refaire, il y a une vraie fierté d’entreprises, de collectivités à dire qu’elles ont préservé un élément du patrimoine. »

Monuments anciens du quotidien

La pédagogie reste néanmoins indispensable. « Nous sommes des médecins de la pierre. Nous analysons s’il y a ou pas des pathologies, nous formulons un diagnostic et des préconisations d’action et de suivi pour y remédier, avec le souci d’œuvrer sur la durabilité et l’innocuité des travaux recommandés. Trop de restaurations par le passé ont causé des dégâts, faute d’appliquer les solutions appropriées », poursuit Gilles Martinet qui revendique de prendre en compte aussi, dans les réhabilitations, l’harmonie générale des lieux dans lesquels elles s’insèrent.

Le cabinet a réalisé des investigations et analyses du béton du socle et de la pierre du Grenadier du pont de l’Alma à Dijon. (Crédit : Aslé Conseil)

« Nous notons le désir des maîtres d’ouvrages de ne plus restaurer pour créer des édifices-musées mais plutôt pour une utilisation du quotidien, plus ouverte », ajoute Alexis Texier. « Les citoyens adhèrent plus facilement à ces approches et ça renforce leur attachement au lieu », renchérit Laetitia Bertrand. L’église Sancta Maria de Auricula à Aureille, par exemple, est devenue une épicerie communale qui donne à voir les attraits de sa longue histoire !

Pour l’équipe du bureau d’études, il importe aussi de veiller au suivi continu des opérations menées. Trop de chantiers sont réalisés puis, après l’inauguration, le monument vit sa vie. « Sans auscultation au long cours, ni entretien pendant des années, le coût est démultiplié quand une nouvelle intervention s’impose. Parfois, les dégradations sont telles qu’il n’est plus possible d’agir », alerte Gilles Martinet.

Un vrai besoin d’innovation

Il regrette aussi le manque d’effort sur la recherche, tout en étant conscient que le marché est restreint. « Un industriel qui innove se doit d’aller chercher d’autres usages. Si c’est pour vendre deux sacs dans l’année, il n’y voit pas d’intérêt… Mais beaucoup de progrès ont été accomplis sur l’éco-restauration, fort du retour d’expérience sur les effets de produits inadaptés. » « La dimension environnementale est mieux prise en compte dans la mise en œuvre du chantier, mais aussi la gestion humaine pour s’assurer que les préconisations soient bien suivies », souligne Alexis Texier.

Sur les arènes de Nîmes, Aslé Conseil a aidé à caractériser les pierres constitutives de l’édifice et à l’identification de leurs différentes pathologies. (Crédit : Aslé Conseil)

La quête de labellisations incite à l’exemplarité. Même les particuliers se montrent plus soucieux. « On note un renouveau de la pierre dans la création contemporaine, se réjouit-il. Mais quand ils songent à une rénovation d’une habitation ancienne, ils veillent au respect de son histoire, de son style, des savoir-faire ancestraux… Du coup, des entreprises investissent ce marché. » L’expertise d’Aslé Conseil vient éclairer les projets. « Nous aidons à comprendre les recettes qui ont inspiré des méthodes anciennes pour favoriser la restauration la plus fine possible avec des procédés similaires mais conformes aux réglementations et exigences d’aujourd’hui », insiste Gilles Martinet, en évoquant l’exemple d’une collaboration avec des archéologues à Fréjus sur les mortiers du port. A leurs yeux, la préservation du patrimoine reste un territoire plein de promesses. « Et surtout un combat de passionnés », assurent-ils en chœur.

Quelques références d’Aslé Conseil

Grenadier de l’Alma à Dijon
Hôtel national des Invalides à Paris
Amphithéâtre et cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Castor de Nîmes
Cloître du Jardin Massey à Tarbes
Phare de Pointe-Plate et cathédrale Saint-Pierre à Saint-Pierre-et-Miquelon
Campanile de Saint-Tropez
Eglise Saint-Julien d’Ussel
Tahiti, Marquises, Raiatea (Polynésie française)

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