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Aix-Marseille Provence : la Métropole rafraichit ses PLUi

Les dernières modifications du plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) des dix-huit communes du territoire Marseille-Provence intègrent plusieurs dispositions visant à adapter les villes au réchauffement climatique.
La carte des 15 "hot spots" du territoire Marseille-Provence.
(Crédit : AMP) - La carte des 15 "hot spots" du territoire Marseille-Provence.

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Alors que s’ouvre l’enquête publique sur la troisième modification du plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) des dix-huit communes du territoire Marseille-Provence (ex Cu MPM), Laure-Agnès Caradec, conseillère métropolitaine déléguée à la planification et à l’urbanisme, a souhaité faire un point sur les nouveaux enjeux induits par le réchauffement climatique dans les documents d’urbanisme. « La loi climat et résilience nous invite à revoir nos paradigmes. Les questions comme la santé et la nature en ville doivent désormais être intégrées dans nos grands documents stratégiques », a expliqué l’élue qui préside l’agence d’urbanisme de l’agglomération marseillaise (Agam), lors d’une conférence de presse, le 29 septembre.

Le PLUi actuel qui s’apprête à fêter son quatrième anniversaire en est déjà à sa quatrième modification. L’occasion pour l’Établissement public de coopération intercommunale (EPCI) d’introduire des paramètres qui n’avaient jusqu’à présent pas droit de cité dans ses outils de planification. « Dans la modification n°2 du PLUi, approuvée le 30 juin 2022, des premières mesures ont été intégrées : des prescriptions graphiques, des propositions d’aménagement de parkings paysagers et de voies vertes au sein de programmes immobiliers inscrites dans certaines OAP (orientations d'aménagement et de programmation) sectorielles, l’obligation de création d’espaces végétalisés lors de l’aménagement des zones économiques », décrypte l’élue phocéenne.

Laure-Agnès Caradec, conseillère métropolitaine déléguée à la planification et à l’urbanisme. (Crédit : W.A.)

Une OAP "nature en ville, santé et résilience"

La troisième modification qui entrera en application l’an prochain contient une OAP "nature en ville, santé et résilience". « Elle comprend plusieurs mesures concernant spécifiquement le traitement des îlots de chaleur urbains avec la création d’îlots de fraîcheur ou le choix de matériaux de revêtement moins calorigènes », indique l’élue. Ce prisme se traduit également par une injection de morceaux de chlorophylle sur le territoire : à Marseille, l’Agriparc des Hauts de Sainte-Marthe, le parc de 1 hectare au cœur de la Zac Vallon Régny, la grande coulée verte du parc des Aygalades qu’Euroméditerranée s’apprête à semer sur l’emprise du faisceau ferroviaire du Canet... la nature va regagner du terrain au milieu du béton et du bitume. Une reconquête qui doit permettre de rendre l’air citadin plus respirable.

En luttant contre les îlots de chaleur urbains (ICU), ces "hot spots" dont la Métropole a demandé à deux bureaux d’études spécialisés -Nepsen Transition et Ilô- d’esquisser une cartographie en 2021/2022. A partir de relevés de température effectués dans une trentaine de sites, quinze points chauds où le mercure grimpe aussi vite que Marco Pantani [le légendaire cycliste italien disparu en 2004, NDLR] ont été identifiés à Allauch, Ceyreste, Châteauneuf-lès-Martigues, Marignane et Marseille (dans les 1er, 3e, 5e, 8e, 10e ; 11e et 13e arrondissements). « Ce sont des secteurs à traiter en priorité qui affichent des scores alarmants en matière d’ICU, d’imperméabilisation, de manque de végétalisation », observe Laure-Agnès Caradec. Rien d’étonnant quand on consulte la liste de ces cocottes minutes urbaines : parkings, zones commerciales, zone d’activités... ces espaces imperméables où l’enrobé règne en maître au ras du sol. Mais l’inventaire recèle également son lot de surprises avec une école, un campus universitaire... autant de lieux où la surchauffe doit normalement plus concerner les neurones que l’air ambiant.

Un PLUi qui en appelle d’autres

Pour rafraîchir l’atmosphère, exit le climatiseur. Les élus vont instiller des règles de bon sens dans le PLUi. A défaut de suivre la voie radicale du document bioclimatique adopté par la ville de Paris, des mesures destinées à réduire les ICU vont être promulguées dans le règlement : « Afin d’encourager la végétalisation par des essences variées, adaptées au climat méditerranéen et aux enjeux bioclimatiques, l’OAP "qualité d'aménagement et de formes urbaines" a également vu sa rédaction évoluer », déroule l’élue.

Ce coup de frais sera progressivement étendu à l’ensemble des PLUi du territoire métropolitain. « Le PLUi du Pays d’Aubagne et de l’Étoile, approuvé en juin 2023, propose dans ses différentes OAP sectorielles des mesures visant au développement de la nature en ville. Le PLUi du Pays d’Aix, en cours de finalisation, contient également une OAP "santé et bien-être au quotidien", proposant des recommandations et des préconisations en matière de choix de revêtements de sols ou de réduction des consommations énergétiques », précise Laure-Agnès Caradec. Mais pas question de se doter de PLUi bioclimatiques : « Trop compliqué », selon la présidente de l’Agam. « Il faut déjà composer avec les multiples plans de prévention des risques (PPR) naturels et technologiques, le recul du trait de côte,... en ajoutant une couche de complexité, vous risquez de fragiliser le document », conclut l’élue.

Le mercure grimpe plus vite en ville

Avec le réchauffement de la planète, c’est le coup de chaud qui menace les bâtiments, même les plus durables, et compromet leur capacité à nous garder au frais. Car pour protéger du froid, les nouvelles constructions basse consommation sont efficaces. Avec la nouvelle réglementation thermique (RE 2020), le bâti produit même plus d’énergie qu’il n’en consomme. Mais en été, c’est une autre paire de manches courtes ! Car l’isolation contre le froid ne protège pas du chaud. Dans les régions méditerranéennes, la sur-isolation des bâtiments crée un effet thermos dès les beaux jours venus. L’énergie solaire entre par les fenêtres ou par les murs qui chauffent. Tous les appareils électriques produisent de la chaleur. Résultat, pour ne pas suffoquer, les gens achètent des climatiseurs. De plus en plus. Pour le plus grand bonheur des industriels. Cet engouement a un effet pervers : « Il aggrave les îlots de chaleur urbains », note Benjamin Morille, fondateur de Soleneos, start-up mandatée par la Ville de Marseille en 2015 pour établir la cartographie des îlots de chaleur urbains (ICU) sur le territoire de la métropole phocéenne.

Avec une hausse du mercure de 2,7°C d’ici 2100, les villes deviendront des "hot spots" du changement climatique. Dans une ville comme Marseille, la température moyenne devrait même grimper beaucoup plus dans certains quartiers denses de l’hyper centre : à la porte d’Aix, la hausse devrait atteindre + 4°C dès 2050. A Noailles, dont la trame est constituée d’îlots épais zébrés de rues canyons avec un bâti hyper dense, le mercure pourrait grimper de 8°C.

Extrait de la carte satellite des ilots de chaleur urbains de Marseille. (Crédit : Nepsen Transition)

Pas de solutions univoques

Si la tendance globale au réchauffement est avérée, ses effets restent dépendants de plusieurs paramètres. Autant que les techniques de construction, l’urbanisme tient un rôle prépondérant dans la perception du climat. Et dans les villes, des micro-climats cohabitent avec des zones tempérées et des secteurs qui semblent concentrer la chaleur : les fameux îlots de chaleur urbains. Une disparité qui reste pour l’heure mal appréhendée par les modèles climatologiques. Cette carence a conduit la Ville de Marseille à confier elle aussi à un groupement de bureaux d’études (Soleneos, Inddigo, Solene Scop) une campagne de mesures intra-locales pour comprendre la dynamique du climat en fonction de la structure urbaine. Cet état des lieux a mixé données scientifiques comme des mesures de température réalisées par des caméras infra-rouges et enquête qualitative avec des interviews d’un échantillon d’une centaine habitants.

Retour sur (la pleine) terre

Les résultats de ce diagnostic dessinent quelques grandes tendances. L’analyse des îlots de chaleur urbains est multiscalaire et multifactorielle. La densité du bâti, l’orientation de la trame viaire, la présence de végétation ou de l’eau... De nombreux facteurs influent sur la température réelle et ressentie. L’artificialisation du sol est évidemment un enjeu clef : « Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, Marseille a perdu la moitié de son patrimoine arboré », constate la consultante en urbanisme durable d’Inddigo. Le retour du végétal peut donc se révéler bénéfique pour rendre l’atmosphère plus respirable quand le soleil frappe à la verticale. A Montpellier et à Lyon, ce retour de la nature est même inscrit dans les PLUi qui imposent un minimum de 50 % de pleine terre dans toute opération d’aménagement.

Ce constat décline une méthode : les solutions aux ICU sont aussi multiples que les causes. Dans les îlots aussi denses que minces où les logements ne sont pas traversants et où les ruelles sont dépourvues de grandes ouvertures, les réponses passent par la création de failles dans le bâti qui agissent comme des puits dépressionnaires laissant passer l’air dans l’espace.

La 3e modification du PLUi soumise à enquête publique jusqu’au 3 novembre

Jusqu’au 3 novembre, la Métropole organise l’enquête publique sur la troisième modification du PLUi Marseille Provence. Ce document concerne les dix-huit communes* de l’ancienne communauté urbaine qui avaient, comme le voulait la loi, transféré la gestion de leurs documents d’urbanisme à l’intercommunalité.

Cette enquête publique fait suite à la concertation publique sur la troisième modification, qui a eu lieu durant l’automne 2022. Elle concerne des dispositions nouvelles relatives à la qualité d’habitat, aux liens entre urbanisme et santé, à la nature en ville. Elle prévoit également l’ouverture à l’urbanisation de plusieurs zones.

Laure-Agnès Caradec, qui préside l’agence d’urbanisme de l’agglomération marseillaise (Agam),
lors d’une conférence de presse, le 29 septembre 2023. (Crédit : W.A.)

Cette enquête publique ne doit pas être confondue avec la concertation publique sur la modification n°4, qui se déroule pour sa part jusqu’au 31 janvier 2024.

La contribution des habitants a entraîné des modifications, qui ont été intégrées dans le dossier présenté à l’enquête publique. Chacun peut à présent prendre connaissance du dossier et déposer une requête :

- Sur le registre dématérialisé accessible sur le site internet dédié à l’enquête publique : www.registre-numerique.fr/enquetepublique-pluimp-m3-assainissement.

- Par courrier électronique : enquetepublique-pluimp-m3-assainissement@mail.registre-numerique.fr.

- Sur des registres d’enquête papier disponibles au siège de la Métropole et dans les mairies d’Allauch, Gémenos, La Ciotat, Marignane et Marseille, pendant toute la durée de l’enquête, aux jours, horaires et modalités d’ouverture de ces lieux, hors fermetures exceptionnelles.

- Par courrier adressé par voie postale entre le premier et le dernier jour de l’enquête publique (le cachet de la poste faisant foi) à : M. Jacques Retur - président de la commission d’enquête publique PLUi Marseille-Provence Modification n°3 et zonage assainissement - Métropole Aix-Marseille-Provence - Direction générale déléguée aménagement durable, habitat, inclusion et cohésion territoriale (ADHICT) - Pôle cohérence territoriale - Direction urbanisme - Service urbanisme secteur Sud-Est - BP 48014 - 13567 Marseille Cedex 02.

- Lors des permanences de la commission d’enquête listées sur le site : www.registre-numerique.fr/enquetepublique-pluimp-m3-assainissement.

* Allauch, Carnoux-en-Provence, Carry-le-Rouet, Cassis, Ceyreste, Châteauneuf-les-Martigues, Ensuès-la-Redonne, Gémenos, Gignac-la-Nerthe, La Ciotat, Le Rove, Marignane, Marseille, Plan-de-Cuques, Roquefort-la-Bédoule, Saint-Victoret, Sausset-les-Pins, et Septèmes-les-Vallons.

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